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[Les Chroniques de l'A.R.K] foncez lire !
Invité
Bon eh bien ... Suite à la demande Plum et Ode, ainsi que de Bowser, je vais désormais poster ici les chapitres de mon roman en cours d'écriture Les chroniques de l'A.R.K ! Il s'agit d'un héroic fantasy se mélangeant habilement avec de la science fiction, dans un monde intemporel où la chevalerie et le futur s'entremêlent, je l'espère, agréablement !


Pour l'histoire, si je devais vous faire un rapide synopsis :


Nous sommes en l'an 2023 de la troisième ère Aetherienne, dite l'ère "Askaärienne". La mondialisation s'installe de plus en plus, et les anciens royaumes tels qu'Eterna ou La Grande Elegante perdent peu à peu leur royauté, au profit de gigantesques armées et de colonisations territoriales sous le compte de grandes multinationales en provenance directe de l'ingénierie de la populaire NY-978, la ville continent d'Outreciel. A Askaär, une gigantesque chaîne de montagnes, autrement nommée "Le toit du Monde", un temple fut érigé il y a plusieurs millénaires pour abriter six clés d'origines et aux pouvoirs divins, dont le but est d'équilibrer l'équilibre quantique du monde. L'Esprit, Le Temps, l'Espace, la Nature, l'Animus et l'Elros agissent ainsi en parfaite harmonie.

Malheureusement, mille ans avant la naissance de Jonathan "Gozen" Staÿlis, le héros de notre histoire, et troisième fils du dieu d'Humanité, les clés sont retrouvées et séparées aux quatre coins de la planète, provoquant de nombreux déséquilibres, brisant ainsi le sceau de Newark, le fils de l'Elros et dieu du Chaos, frère jumeau de la Grande Reine Aether, déesse de l'Animus et de la planète. C'est suite à des événements révélant à Jonathan ses pouvoirs temporels que les archontes divins Shin et Lucio, respectivement dieu de la lumière et de l'ombre, l'induisent à retrouver les clés pour initialement refermer le sceau de Newark. Malheureusement, Jonathan n'est pas le seul être recherchant les clés. La multinationale A.R.K, pour ne citer qu'elle, met en oeuvre tous les moyens nécessaires pour retrouver la clé de la Nature, pour des raisons que nul ne peut comprendre. Destiné à être le porteur de la clé temporelle, Jonathan cherche alors les autres artefacts pour les remettre aux autres porteurs, eux-même fils de dieux, et réunifier la nation, en proie à une guerre économique aux ascendances divines bien plus présentes que ce que l'on pourrait penser.




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Chapitre 1  : Mon nom est Jonathan  !


« Lorsque les dieux éthérés créèrent l’Adrome, concentré infini de leur puissance, l’Humanité naquit grâce l’Union de Kaärma et Septime. Dotés d’un esprit évolué, ces êtres «  Humains  », façonnés à l’image de leur Créateur, bâtissaient par mimétisme les fondements d’une civilisation destinée à la sublimation. Profondément rattachés au légendaire Fil d’Animus, un concentré d’Energie permettant la Création, les Hommes acquirent rapidement les mêmes idéaux que les Dieux, eux-mêmes satisfaits de l’aboutissement de ce qu’ils considéraient dès lors comme le plus parfait de leur travail. Lorsque Kaärma, déesse du destin, prit son envol, les Hommes furent dotés du Savoir et des Emotions. Lorsque Levios, dieu de Création, prit son envol, les Hommes virent leurs récoltes et leur descendance prospérer. Lorsque Septime, dieu dimensionnel, prit son envol, les Hommes virent leur intellect croître de façon exponentielle. Peu à peu, l’influence bénéfique de l’Archidieu Temporel Orion, le plus grand des piliers nécessaire à l’Evolution de l’âme Humaine et du Monde, permit à l’Homme de voir le temps défiler inlassablement. Alors sa course ne pouvait être stoppée. Si tant est que l’être humain Alpha se rende compte de son individualité par le biais de la Temporalité marquée au fer d’Orion, et que fut considérée comme la normalité que chaque être voit sa propre Histoire, sa propre descendance, et bien se faisant, sa propre conception de l’Humanité  ; les uns vis-à-vis des autres  : chaque être Humain vit ses relations se dégrader ou s’améliorer. La fleur de la Vie qu’était «  Animus  », que l’on déclinât Animae puis Aether, fleurissait et se fanait continuellement, dans cette progression linéaire et profonde que considérait le flux continuum espace-temps généré par les frères divins. Mais ce n’était pas suffisant. Tandis que l’Homme progressait dans son ascension spirituelle, les dieux furent extrêmement étonné d’apprendre en même temps qu’eux. Entrant en résonnance par le biais d’Animus, Créateurs et Créatures furent reliés par le même lien quantique, et ce qui n’avait pu être engendré artificiellement vint naturellement. Amour, Haine, Colère, Pardon, Arts, Littérature, Sciences, Compréhension, Élévation, Malédiction … Tant de mots définissant la subtilité du «  Moi  » explicitant un Tout Universel. Si Orion lui-même pensait alors que des êtres supérieurs à lui vivaient quelque part dans cet Univers, défini comme adjacents à d’autres univers imbriqués dans un Multivers plus grand encore, par Septime, la venue des dieux Mineurs, ainsi que des archontes semi-divins, puis des Cianopsittas, n’en serait que plus propice à l’ultime Apogée de ce que Levios nommât «Quantum Universalis  », le Savoir Suprême, qui se déclinât en «  Pouvoir de la Réflexion  »  : Pensée légendaire recherchée en vain par les plus grands érudits, et summum de la divination la plus sublime. S’il apparaissait qu’une entité supérieure à ce que nous connaissons de plus grand, actuellement, existe, elle nous serait si imperceptible et si indescriptible qu’elle en deviendrait une immense montagne face au regard Naïf d’une simple fourmi. […]  »

· Très bien, Monsieur … Staÿlis. Vous pouvez vous rasseoir.

Je me suis lourdement assis et la chaise fit un crissement désagréable. Je refermai à la volée l’Almanak, cette satanée bible que l’on nous forçait à lire tous les jours en cours d’Education Quantique, qui buta contre un vieux manuel de cours. Madame Jane, notre professeur pour cette matière, était aussi stricte qu’elle était rousse. Et croyez-moi elle était stricte. Assis dans le rang du milieu, sur une classe de dix-sept élèves, j’ai nonchalamment tourné la tête. Melvin, mon meilleur ami, me regardait en souriant, levant son pouce en signe d’approbation à la suite de ma prestation. Ce type-là, c’était le plus grand détraqué que je connaissais, mais il n’en était pas moins sympathique pour autant. Dans le peu de personnes que je pouvais apprécier sans bonne raison, Melvin avait su conquérir mon amitié dès les premiers instants où nous nous sommes connus. Peut-être à cause de son flegme passif ou de sa paradoxale extravagance … Sinon de son goût prononcé pour les phrases anglaises mal formulées ou tirées de chansons célèbres, je ne pouvais le déterminer avec précision. Il restait encore quelques minutes de cours. Je n’aimais pas vraiment passer à l’Oral, même si les gens présents dans la classe ne me dérangeaient pas plus que cela. C’était une question de principe … Je n’aimais parler qu’à ceux à qui j’avais quelque chose à dire. Exception faite de Melvin, à qui j’avais toujours quelque chose à dire, ou bien le contraire … Mais c’est discourtois de ne pas répondre lorsque l’on t’adresse la parole, selon ma mère. Entendant un «  psst  », je me suis retourné. Melvin s’approcha de mon bureau, puis de mon oreille, prenant appui sur ses coudes pour se stabiliser dans cette position contraignante que je nommais le «  A genou dans le vide pour souler son voisin de classe  » et me dit alors, le sourire aux lèvres  :

· Ecoute Man. Tu vois Laura, dans notre classe  ?
· Evidemment, gros malin, il n’y en a qu’une et on l’a avec nous depuis deux ans.
· Ouais ben, après les cours, là, je vais aller la voir, tout ça, et j’vais lui faire mon speech habituel, ‘fin, tu me connais, et ça va genre full of marcher, mais dans l’genre «  All right Check it out  !  » – Il claqua des doigts en même temps, ce qui donna un ton rythmé à la conversation –
· … Je vois. Donc en somme tu veux voir en combien de secondes tu vas l’effrayer et la faire changer d’établissement, c’est ça  ?
· Woooh  ! Eh, vieux, me fait pas feel Bad comme ça. J’suis pas encore rouillé j’te signale. – Il se pencha un peu plus – J’pourrais genre aller devant elle et lui faire une démo de Hip Hop ou de Break Dance. Je tourne sur ma tête, genre «  Hey, Pretty Girl  ! Look that  ! It’s a headspin  !  » et l’affaire sera dans le sac  !
· L’affaire sera dans le bureau de Painchoff, avec deux heures de retenue et une exclusion de trois jours pour atteinte à la pudeur, si tu veux mon avis.
· Teh. Comme si t’y connaissais quelque chose en drague, toi. T’es le Zenzen officiel de ces dames. Et le plus gros «  Friendzoned  » de ce lycée. En somme … Je sais c’que je fais.
· Je m’appelle Gozen, pas Zenzen. Et si je ne sors avec aucune fille, c’est parce qu’elles ne m’intéressent pas. Mais je ne peux pas être … «  FriendZoned  » comme tu dis, dans la mesure où elles ne sont même pas mes amies.
· Bah. En tout cas, j’crois pas te l’avoir dit aujourd’hui, mais joyeux anniversaire, mec. Dix-sept ans, ça se fête  !
· Ça se fête, tu es sur  …  ?
· Mais oui  ! Imagine  ! Une grande salle de bal  ! De la musique et des lumières partout  ! Des gens et de la nourriture où que tu regardes. Et alors là, des filles. Et pas n’importe quelle fille  ! «  THE GIRL  ! The wife of your life, homie  !  », je suis sûr que ça te plairait  !! Allez, j’t’organise tout ça  !! «  Yeaaah  !  »
· … Herm. Melvin. Tu … Es … Debout sur ta table de cours, tu cries, et tout le monde te regarde.
· … Oh sh-  …
· Monsieur Levin  ! Dans le bureau de Painchoff après les cours  ! Je crois que nous allons avoir une petite discussion … Perturbateur.
· Pour la finesse avec Laura, c’est raté.

Soupirant, j’ai commencé à ranger mon sac, trente secondes avant que la sonnerie ne retentisse. Melvin était parti devant, aux côtés de Madame Jane, visiblement mécontente. Tout le monde riait de bon cœur, en tout cas. Les observant, je tentais de sourire, mais sans grande réussite. Enfin … L’effort y était. Regardant le bureau de mon ami, j’ai murmuré  «  J’t’en foutrais du Friendzoned, moi.  » et j’ai fermé la salle de classe, étant le dernier élève présent.

Dans les couloirs de Nondôm, mon lycée, tout était chromé et resplendissant. Des automates ménagers passaient quelques fois, brossant, rinçant et lustrant tout ce qui pouvait l’être, et les élèves n’y faisaient pas attention. Il y en avait des plus jeunes que moi, et des plus vieux. Dans une moyenne parfaitement moyenne, qu’il s’agisse de mes notes, de mes compétences ou de ma popularité, je n’avais au moins pas matière à me plaindre. Je laissais les gens tranquilles, et on me laissait tranquille en retour. Enfin … Pas tout le temps. Il m’arrivait d’avoir certaines broutilles avec une brute qui s’était entichée de moi comme l’imbécile qu’elle était, mais rien d’assez mordant pour que je puisse le raconter aux autres, sous peu qu’ils s’y intéressent. Passant devant le bureau de Painchoff, au ralenti, je l’entendais crier sur Melvin le nombre conséquent de retenues qui l’attendait, et qui prenait effet dès maintenant. Pas de fête d’anniversaire à priori, mais c’était prévisible. Du plus profondément que je pouvais l’apprécier, il n’en restait pas moins une grande bouche, mais c’était sa nature. Etre bruyant, j’entends. D’aucuns s’accordèrent à dire, ceci dit, que cela faisait son charme. Derrière son bob vert et ses dread locks, ainsi que son bouc se mariant à ravir avec sa peau mate, qui, elle, était franchement contrasté avec ses habits verts pétard, le regard plein de malice de Melvin et sa franchise restaient mon plus grand soutien dans ce monde de brutes.


Mon nom est Jonathan. Jonathan «  Gozen  » Staÿlis. Né de père inconnu et benjamin d’une famille de trois enfants, dont la mère est actuellement cancéreuse, je suis, du haut de mes dix-sept ans, ce que l’on peut appeler un asocial. Le contact des gens ne m’embête pas, mais j’ai toujours considéré avoir trop de problèmes pour les mêler à ça. Oh, non  ! Je ne suis pas le plus à plaindre. Pour l’instant. Si vous voulez tout savoir, je fais un mètre soixante-quinze et j’ai les cheveux blonds mi longs, souvent décoiffés, parce que je n’y prête pas grande attention. Mes yeux sont vairons (c’est-à-dire vert et marron, dans mon cas) et comme je ne suis pas riche, je me contente de porter l’Uniforme de mon lycée, dont le bleu marine envoûtant ainsi que l’écusson en forme de renard des neiges ont su ravir mon sens poussé de l’esthétique. J’ai une voix claire, sous peu que je veuille l’utiliser, et le monde qui m’entoure me blase tellement que j’ai arrêté de m’en préoccuper. Vivant dans cette partie du monde où la science prime fortement sur la littérature – C’est-à-dire la république d’Innocent –  , je ne m’y sens pas à l’aise mais je crois que ceci n’engage que moi. Pour être honnête, je suis un grand analyste  : Je passe le plus clair de mon temps à observer les gens et établir leur profil, les recenser  ; pour comprendre les rouages indistincts de l’âme humaine. Paradoxal avec mon inintérêt pour le Monde, n’est-ce pas  ? Je comprends. Mais c’est parce que je vous ai un peu menti … Je m’intéresse énormément à tout ce qui se passe autour de moi, mais n’ose pas réellement aller plus loin que les fondements théoriques. L’aventure, ce n’est pas mon truc. Disons que … Le monde m’ennuie, sauf quand je décide d’y prêter attention. Là, je deviens friand de savoir … Et puis cela cesse, et je recommence à m’effacer. Même si observer le monde ne signifie pas que je deviens intangible, outre mesure. Complexe, n’est-ce pas  ?



Ceci est mon histoire.



La sonnerie annonçant la fin des cours retentissait une fois de plus. Une fois de trop, d’ailleurs. Je ne pense pas qu’il y ait besoin de trois sonneries pour prévenir que les cours sont terminés. Tout le monde le sait, généralement. Par ailleurs ce «  driiing  » dissonant était affolant et prise de tête.

Je suis sorti en dernier, pour cause de trainage de pied intensif. Si vous voyez une tranchée dans le couloir, un jour, ne cherchez pas, c’est moi.

Dans ce lycée scientifique qu’était Nondôm, L'arithmétique était complexe. Tout comme la Biologie, et la Technologie. Et, évidemment, je n’y portais aucun intérêt. Ma moyenne scientifique approchait dangereusement les 2 sur 20, et les enseignants ne me donnaient aucune chance ou presque de passer en terminale littéraire, ce qui constituait le paradoxe type  : Une terminale «  Littéraire  » où l'avis d’un ensemble de «  chiffreurs  » comme j’aimais à les appeler était tant indispensable qu’ineffable. D'ailleurs, les mathématiques ne devraient même pas exister. Mais à part me plaindre au temple des dieux Majeurs de la ville, je ne pouvais rien faire de plus en ce qui concernait le bannissement de la science.

«  Plus que X années à tirer.  » est une phrase qui revenait sans cesse dans mon esprit, et dont le nombre diminuait à chaque rentrée pour mon plus grand plaisir. Parce que tout n’est pas noir, il ne faut pas exagérer.

Mais bon, l’exagération est le propre de l’homme.


Le savon aussi, cela dit.


Dans la ville où je vivais et étudiais depuis maintenant dix-sept longues années, Bazzer, tout n'était que chiffre, robotique et ingénieries en tout genre; Mais ne vous méprenez pas ! Savoir compter et programmer est loin d'être une preuve d'intelligence … Bien qu'il en faille un minimum. D’ailleurs, savoir lire et écrire n’en était pas non plus. Beaucoup d’instruction. Enormément, même.

Je me permets d'être un peu sec à ce sujet depuis l'autodafé de Lotoff, ma région natale couvrant un tiers du continent de la pointe, qui a eu lieu il y a cinquante ans. Ce jour drolatique où les gens décidèrent de renier les fondements même de la culture littéraire, parce que ça n’apportait rien de plus que ce qu’ils ne savaient déjà. Bon. L’Almanak, au moins, avait été épargné, ainsi que toutes les archives religieuses propres à la ville, et qui constituait un élément tant important que riche de son patrimoine.

Depuis cet autodafé, les enseignements nommés «  L  » sont rares, voire quasi inexistants, et ne donnent sur rien à part des études de droit coutant très cher et l'écriture qui ne rapporte que quelques pécules, si le destin le veut, et malgré l’engouement que j’y porte ce ne pouvait être mon choix de carrière.

Quelques grands bornés tels que moi tentent malgré tout de préserver le goût de la littérature et des arts autour d’eux, mais c’était difficile. Prenant, mais difficile. Ça me donnait une occasion de faire comme si j’étais supérieur, bien qu’en vérité ce ne fût pas le cas. Après, j’ai aussi eu la malchance de naître dans la mauvaise ville. Chaque région est constituée de plusieurs écoles en tout genre  : Scientifique, Littéraire, Musicale, Magique, et j’en passe. Dans ce monde de fou où magie et ingénierie ne font qu’un, l’une témoignant et expliquant indubitablement le rôle de sa compère. Il n’y avait pas beaucoup de magiciens à Bazzer, mais certains de mes amis – Dont Melvin – avaient suffisamment de sang magique pour savoir jeter quelques sorts, ce qui était en vérité interdit dans le lycée, sauf pendant certains cours spéciaux où je ne pouvais de toute manière rien faire.

Quoi qu'il en soit, Bazzer était une ville froide, grise et dénuée de tous sentiments humains. D’ailleurs, il n’y avait que peu d’humains. Bazzer était composée, certes, d’Hommes, mais aussi d’androïdes et d’Hybrides d’Animaux, si bien que le mélange cosmopolite intense avait valu à Lotoff le titre de «  Carrefour du Globe  », car la péninsule s’étendait jusqu’à la mer Scellée qui réunissait l’ensemble de l’Archipel des annexes d’Elegant (le royaume du Nord) et Innocent (Le royaume du Sud, mon royaume), ainsi que les lointain continent Primaire, Hivernal et Sub-Magma. La mer scellée à l’Ouest, Innocent au Sud, Elegant au Nord, et enfin Le Continent de Fer à l’Est, menant à l’Ouest du continent Primaire. Et si continuer au Nord d’Elegant ramène au sud d’Innocent … – Je fais là le schéma en gros, il y a en vérité bien d’autres pays entre ces continents – nous avons un globe parfait.

Cette folie des machines n’avait pas toujours été  présente dans nos contrées selon ma mère. Moi, j'avais toujours connu Bazzer comme ça, mais elle nous répétait sans cesse, à moi, mon frère et ma sœur, que les gens ont toujours été bêtes, mais pas forcément illettrés, ce à quoi je répondais généralement «  Ils sont bêtes quand même, hein  ».

Le peu d'espoir qui restait, quand les bibliothèques se reconstruisaient, selon cette fois ma grand-mère que je n’ai pas connu, s'est pris un grand coup dans la figure lorsqu'il y a quarante ans, à peu près : Bazzer et d’autres villes de Lotoff se retrouvèrent d’un seul coup dans cette folie des grandeurs que la loi des machines nous imposait, créées puis commandée par la même société : «  A.R.K».

La multinationale «  A.R.K  » était apparue d’on ne sait où, si ce n’est de NY-978, la capitale du continent de Fer et berceau de la Technologie moderne, et avait suscité l’intérêt d’énormément de personnes. A partir de cette période, leurs usines et immeubles proliférèrent partout dans la région et leur logo bien connu, une arche dotée de réacteurs, avec une étoile orange sur la proue, apparaissait sur tous les produits  : de la simple boîte de cassoulet aux fusées, en passant par les voitures, le liquide vaisselle, les jeux vidéo et même les colliers antipuces. Point de honte à créer du liquide vaisselle «  huit en un pro-action  » pour le plaisir des consommateurs, seul le profit compte.

A.R.K, avec une aisance digne d’un chat marchant sur le rebord d’une fenêtre, avait su imposer son style novateur et moderne dans l’ancienne campagne qui m’était si chère, et les gens se bousculaient au portillon pour travailler dans leurs usines, depuis … A peu près … La naissance de ma mère. Ce qui expliquât l’engouement de nos parents pour nous mettre à Nondôm, et pour nous y voir réussir. Ce qu’en aucun cas je ne pouvais faire pour ma mère, même avec la plus grande des volontés.

Généralement, je rentrais avec Melvin, qui habitait à quelques pâtés de maisons, mais j’étais convaincu que le chemin se ferait en solitaire ce soir-là.

Enfin … C’eut été mal le connaître, puisqu’il avait réussi à s’en tirer face à l’infatigable Albert Painchoff, notre CPE dont j’avais parlé plus tôt, et que je surnommais par moment «  Albeurk Peigne-pour-chauve  », parce qu’il était chauve, et non parce qu’il était un peigne. Ce qui n’introduit absolument pas la déformation de son prénom, induisant son odeur corporelle douteuse.

Je n’avais qu’entamé le chemin dans la grande cour extérieure du lycée, et mon ami me fit une tape amicale sur le dos, me prenant ensuite par l’épaule, un franc sourire aux lèvres  :

· Eeeeh … J’ai raté Laura, j’suis trop deg’ si tu savais. C’est pas cool, vieux, pas cool.
· Ouais, pas cool. Tout du moins ça fait une personne de sauvée aujourd’hui. C’est le meilleur cadeau d’anniversaire que tu aurais pu me faire.
· Tsk. Pourquoi on traîne ensemble déjà, Zen-Boy  ?
· Parce que t’es mon pote, et que sans moi pour canaliser ton tempérament de feu on te prendrait pour un dérangé. Si ce n’est pas déjà fait.
· Ah, ouais  ! Ton argument tient la route … Mais pas autant que mon nouveau vélo  ! Seriously, si tu le voyais  ! C’est le même Vélo que Sloop Fog, le rappeur  !
· Un rappeur qui se balade à vélo, c’est probablement aussi impressionnant que mon frère quand il s’énerve.
· Ouais. Te moque pas d’moi. Pour la peine j’te le montrerai pas, va.
· Comme c’est triste.

Et là, j’ai buté contre quelqu’un, ou alors quelque chose, vu la dureté de ce que ma tête avait cogné. J’ai basculé la tête en arrière et … Non, c’était bien quelqu’un. Un grand quelqu’un. Si grand qu’assis par terre, je ne discernais pas ses yeux. Me relevant doucement, je me suis approché et ai levé la main en signe de Mea Culpa. Et pour être honnête, c’était effrayant de constater que ni moi ni Melvin ne pouvions apercevoir ses yeux, sous sa capuche, même debout. Lui, en revanche, les baissait, et nous voyait très bien. Emettant un petit rire se voulant jaune, je lui ai tapoté le torse gentiment, murmurant  :

· Oui … Alors … Je suis désolé de vous avoir bousculé, je ne regardais pas. J’espère que je ne vous ai pas fait mal.

Je suis passé devant lui. Son regard n’avait pas bougé. Sa position non plus. Seuls ses poings s’étaient resserrés, ce que Melvin s’est empressé de me faire remarquer avec un petit couinement. N’y faisant pas cas, je me suis rendu compte au bout de quelques secondes que je marchais mais n’avançais pas. Me retournant doucement, je constatais l’Homme m’avoir agrippé par le col, la capuche à peine relevé par le mouvement horizontal de sa tête provoquant un effet d’étirement, et le regard noir. Celui-ci ouvrit la bouche et articula lentement, d’une voix rauque.

· Tu  … m’as … touché.
· … Bah euh … Ouais. Désolé, j’t’ai dit. Cela dit si tu as des appréhensions tactiles vis-à-vis des gens autour de toi, tu devrais porter une étiquette genre «  Ne me touchez pas j’ai peur des germes.  »
· … Personne ne touche Ralph, m’a-t-il répondu, levant son poing gauche comme s’il allait me mettre une grande beigne.
· Tu sais, on pourrait régler ça calmement, comme deux adultes civilisés …
· Tu fermes ta bouche pour commencer, moucheron, puis je t’écrase, a-t-il rétorqué.

Assénant son poing, j’ai fermé les yeux en attendant d’être décapité par ce mastodonte, mais un doux son est parvenu au même moment à mes oreilles. Celui d’une jeune fille de notre classe, prononçant  :

· Full Power Shield  !

Le Poing de Ralph fut alors stoppé par un petit champ d’énergie couvrant le devant de ma tête. Le coup rebondit sur l’écran protecteur, qui se fissura à peine, et le géant sembla s’arrêter quelques secondes, pour tenter de comprendre, puis me lâcha. Tombant par terre, Melvin et la jeune fille, qui n’était autre que Laura, me relevèrent avec difficulté. Ralph me toisa et cracha alors, d’une voix lente et profonde  :

· Demain, t’es un homme mort.
· … Non, c’est gentil, je préfère être un homme vivant. C’a ses avantages tu sais. Notamment au niveau foncier.
· Ouais, et t’façon on t’laissera pas faire, a craché Melvin, tendant un le poing, pas vrai Laura  !? … Laura  ?

Celle-ci, après avoir lâché un bref soupir, était partie dans la direction opposée. Laura était, il fallait le reconnaître, une belle jeune fille. Blonde aux yeux bleus profonds, elle me rappelait ma petite sœur Tomoe. Fine et élancée, son regard froid et sa voix calme donnait la sensation qu’elle appartenait à un autre monde. Elle ne m’embêtait pas, mais nous n’étions pas réellement amis. A vrai dire, elle ne l’était avec personne. Assez réservée et plongée dans ses livres, peu de gens savaient comment l’approcher. Parfois, elle avait des couettes. Parfois, elle avait un serre-tête, et ses longs cheveux étaient totalement relâchés, mais toujours si bien coiffés qu’ils en paraissaient presque factices. De par ses origines Askaäriennes, Laura incarnait le grand Nord (même si les montagnes étaient à l’Est) et venait d’une longue lignée de Psychomanciens, ce qui expliquait notamment sa maîtrise des champs protecteurs et surement d’autres choses plus subtiles encore, mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir.

· … Joyeux anniversaire, moi. Bref, rentrons.
· Eh, attends, Zenzen, tu comptes faire quoi contre ce type  ?
· Bah, demain il aura oublié ne serait-ce que mon existence, ne fais pas attention. J’en dois une à Laura, cependant. Je me demande ce qui l’a poussé à m’aider …



Tandis que Melvin et moi marchions en direction du district Sud de Bazzer, passant notamment devant l’église, le soleil couchant fit rapidement place à une nuit sombre tombant sans prévenir, et durcissant le paysage Bazzerien, dont je devais reconnaître qu’il fût particulièrement splendide lors des grands couchers de soleils que je pouvais apercevoir depuis la fenêtre de ma classe. Ce mélange de raffinerie, de grands tuyaux cylindriques sortant de terre de toute part, et d’immeubles détruits ou en travaux, couplés aux effluves protectrices d’un soleil orange et or, aux teintes rosées, savait avoir autant de charme que n’importe quelle chose que la convention humaine pouvait trouver belle.


Cette broutille avec Ralph, je n’y avais pas vraiment pensé outre mesure par la suite. C’était un peu traumatisant, mais pas assez pour que je m’en préoccupe.

Le District Sud de Bazzer n’était pas le plus mal famé, mais n’était pas le plus paisible. En revanche il était le plus joli. Bien sûr, la nuit, comme ça, il m’était difficile d’en apprécier la splendeur, puisque les lampadaires ne daignaient même pas marcher comme il le fallait  … Mais généralement, l’autour de chez moi était composé d’un petit parc floral où les enfants venaient s’amuser, ainsi que d’une épicerie, une pharmacie, un docteur et une banque. Il y avait plusieurs snacks, pas vraiment chers, mais pas vraiment bons non plus, et la ligne de Tramway que je n’aimais pas prendre à cause des jeunes la squattant sans répit, comme s’ils n’avaient que ça à faire de leur journée. Ayant un point de côté, parce que je suis un garçon très sportif, au demeurant, je me suis adossé contre un mur quelques minutes. Une affiche presque décollée a alors attiré mon attention.


«  LA TROUPE DE CIRQUE DISTORSION D. SERA EN VISITE DU 15 AU 20 JANVIER SUR LA PLACE PRINCIPALE DE BAZZER. ENTREE : 10 GOLDS PAR PERSONNE.  »

De ce que je savais, Distorsion D. était composée de plusieurs membres dont les noms m’échappaient totalement. Je savais simplement que le chef de la bande, le monsieur Loyal qu’ils disent, était le dompteur d’un animal rare. Une sorte d’Hyppocampe terrestre géant avec une bouche en fesse de poule et avec des yeux de caméléon. Un truc moche mais qui plait aux enfants, quoi. Enfin, si je l’avais croisé au détour d’une cage de zoo étant enfant, je crois que j’aurais flippé sévère, mais c’est une question de point de vue.

· 10 Golds … Je dois bien avoir ça quelque part, pensais-je.

Mais en vérité il était probable que non. Nous n’étions pas bien riches à cause des frais d’hôpitaux de ma mère qui prenaient une part importante de notre budget mensuel. Tomoe et moi avions une bourse d’étudiant nous permettant d’assurer les cours, mais je travaillais avec Vlad, pour assurer notre survie à côté. Le rythme était compliqué mais avait ce seul mérite de briser ma routine, ce qui fit que je n’ai jamais protesté. Vlad et moi travaillions pour la poste d’A.R.K. Car, oui, A.R.K avait aussi un système postal, journalier, d’abonnement téléphonique et internet que nous avions gratuitement grâce à notre boulot. Même si on n’avait pas d’ordinateur.


J’ai ouvert la porte un peu plus brutalement qu’à mon habitude, ce qui a eu pour effet de réveiller Bel’, notre plante gardienne. Bel’, ou plutôt Belphégor, était une plante verte gardienne à dents empoisonnées. Une espèce de la forêt de Lindsey, au nord de la ville. Elle n’a pas coûté bien cher … vu son caractère, ça se comprenait parfaitement. Ma mère l’avait acheté il y a quelques années, en prévision. Il n’est pas vraiment difficile de s’occuper d’une plante d’un mètre soixante dans un pot, malgré ce que je l’on croit.

Il existe 5 types de plantes gardiennes, dont la taille, la forme, la puissance et les pouvoirs variaient. Celles-ci étaient divisées en cinq rangs allant d’E à A : Belphégor est de rang D, c'est-à-dire quatrième dans un ordre croissant de puissance. Pas de quoi arrêter un bison brume ou un ours d’argent, deux créatures exotiques parfaitement féroces, mais assez utile pour nous débarrasser des voleurs du dimanche à la mode Bazzer à coup de morsures empoisonnées. Enfin, c’aurait été ça, dans l’idéal, mais nous avions trouvé le moyen d’acheter la seule plante carnivore narcoleptique du monde, ce qui a transformé Bel’ en notre animal de compagnie. De toute manière, son «  Nyaah  » strident et répétitif donnerait à lui seul une bonne raison à un voleur de partir rapidement, mais qui s’en soucie, puisqu’un criminel moyen ne dépasserait même pas la porte d’entrée dans de telles conditions?

Bel’, dépourvu du sens de la vue, me reniflait un peu, comme d'habitude et commença à sortir la langue en esquissant un ronronnement significatif  : «  fais-moi des grattouilles, ton frère ne me donne pas assez d’affection.  » ou quelque chose dans le genre, car il est vrai qu'une plante n'a pas beaucoup d'endroits où l’on peut la gratter … Cela dit c’était une plante géante et ronronnante et toute notion de logique a été bannie de votre esprit depuis fort longtemps, alors je passai mes doigts sous son bulbe et m’exécuta, en souriant.

Vlad devait sûrement faire un peu de musique dans sa chambre, mais comme je n’entendais aucun son de la sorte, j’en ai déduit qu’il faisait la sieste. Montant par curiosité, j'ai surpris, bien malgré moi (au début) une conversation qui ne me ravissait pas plus que ça. Collant l’oreille contre la porte, je murmurai avec appréhension «  Maman.  »

· … Alors comme ça tu ne rentreras pas avant une semaine…Mais je croyais que tu étais guérie  ! … Dois-je le dire à Jonathan ? … Repose-toi. 



Je n’entendais que des bribes. Le silence total se fit. Si Bel’ ne mangeait pas les mouches de la maison, peut-être qu’on les aurait entendues voler. Vlad est sorti précipitamment de son antre mais s'est arrêté net. Il m'a regardé, l’air désolé.

· Ah, Zenzen, m'a-t-il dit sur le ton de la désolation et de l'étonnement, comme si je l'avais surpris en train de faire quelque chose de louche.
· Que se passe-t-il  ? Et arrête de m'appeler comme ça ! J’en ai assez avec Melvin, ai-je répondu.
· C’est maman. Elle n’est pas totalement guérie, m'a-t-il avoué d'un ton grave et bien trop sérieux pour lui.
· … Le contraire m’aurait étonné, de toute façon.
· Ne sois pas aussi dur, tu sais que c’est compliqué.


Délia, notre mère, était atteinte d’une sorte de tumeur au niveau de l’estomac, et son état empirait sans cesse depuis maintenant quelques longues années. Je ne pouvais même plus les compter. Nos visites régulières à l’hôpital l’encourageaient, mais la tumeur grossissait chaque jour et cette maladie commençait à devenir très gênante. Les médecins préféraient ne pas se prononcer sur le dénouement de cette histoire, eux-mêmes très peu convaincus de l’efficacité de la chimiothérapie ici utilisée, bien qu’elle fût à l’origine de deux miracles, jusqu'à présent. Vlad et moi avons prié chaque jour pour que l'expression «  Jamais deux sans trois.  » marche. Encourager ma mère du mieux que je pouvais était une des raisons qui faisaient que je n’avais même plus le temps de me morfondre sur mes propres soucis, qu’ils soient scolaires ou personnels.

· Tomoe est au courant  ? Ai-je demandé
· Pas encore, m'a répondu Vlad, pourtant sceptique. Il vaudrait peut-être mieux garder ça pour nous.
· Elle a le droit de savoir, ai-je rétorqué en serrant les poings, mais mon frère n'a pas flanché une seule fois.

Tomoe était notre petite sœur, la plus jeune de la famille par conséquent. J’avais 17 ans, elle en avait 15, et Vlad en avait 19. Mon grand frère, bien qu’étant l’aîné, n’était pas le plus responsable de la famille, et pourtant nous devions tout de même lui obéir. Blond et d’environ un mètre quatre-vingt-cinq, il était bien bâti et, paraît-il, assez beau garçon; cependant sa fainéantise légendaire lui fit arrêter les études : Il s'est ainsi uniquement consacré à ses instruments de musique, dans l’espoir de percer dans ce domaine un jour.

«  Rêveur  », c’était ce à quoi l'on différenciait Vlad de Tomoe ou moi-même.

Ma petite sœur était sage.

Trop sage.

En vérité, nous pensions tous cela à cause de sa timidité grandissante … et qui s’accentuait encore plus vite depuis l’hospitalisation de notre mère. Si je passais pour un associal, elle passait aisément pour une sociopathe, refusant par moment même d’aller en cours, pour rester seule enfermée dans sa chambre. Tomoe était considérée par la majorité du genre masculin comme une magnifique jeune fille. Je savais qu’elle faisait chavirer un bon nombre de cœur, dans son collège, mais encore fallait-il qu’elle y prête attention. Ma sœur était une fille responsable et toujours à l’écoute. Elle n’était pas fermée d’esprit, bien au contraire ! Seulement elle avait cette incapacité chronique à parler aux autres et à considérer le monde comme existant.

· Écoute, Jonathan. Elle ne le saura pas, un point c’est tout.


Vlad est descendu dans le salon sur ces mots.

Je m’en suis allé à mon tour, dépité, nettoyer la maison et préparer le diner.

Une heure est passée  :

La cuisine était enfin propre. Le dîner était en cours de préparation, mais cela s’annonçait rude. Je cherchais dans le frigidaire de quoi nourrir toute la troupe. N’ayant pu réunir assez d’argent pour préparer mon repas d’anniversaire, mon fameux «  Scio-menthe Néolien» s’avérait légèrement plus compliquée : surtout sans le Gelyscieur esseulé, l’animal (Et de ce fait l’ingrédient principal.) nécessaire à la réalisation de ce plat signé Roël Joe-bûchon, dont les gens prétendaient qu’il était et cuisinier et bûcheron. Allez savoir. Les Gelyscieurs esseulés étaient la variante bien connue d’une espèce toute autant connue  : le Gelyscieur. Un Gelyscieur est un animal bipède de la famille des Reptiles hybrides Gelées (Ils étaient gélatineux et transparents.) originaire des plaines de Neolia, au nord de Bazzer. Les plus anciens Gelyscieurs atteignaient facilement le deux mètres et leur odeur était différente selon leur couleur, ce qui permettait de les classer en diverses espèces. Le Gelyscieur possède soixante-douze dents disposées sur trois rangées, et qui tournent à la manière des tronçonneuses sur elles-mêmes, permettant de déchiqueter les matériaux les plus solides. Un Gelyscieur digne de ce nom peut avaler un humain en seulement cinq secondes, et lui réserves trois secondes d’intenses souffrances entre les soixante-douze mini tronçonneuses et l’acide gastrique nécessaire à la digestion. Seules cinq espèces sont connues actuellement  : Le Gelyscieur rouge qui sent la fraise mais qui reste le plus agressif, le Gelyscieur vert qui sent la pomme mais qui est le plus rapide, le Gelyscieur bleu qui sent la myrtille mais qui possède un corps quasi indestructible, le Gelyscieur rose qui sent la pêche et qui permet à la reproduction des mâles de son espèce, et enfin le Gelyscieur esseulé.

L’esseulé est un individu albinos, rejeté par sa famille, sans défense particulière et qui sent étrangement la noix de coco. Celui-ci est rare, ce qui en fait un ingrédient de qualité et plutôt cher.

Je me suis résigné et j'ai fermé le frigidaire. Adieu le repas de fête. Je n’avais qu’à espérer que Melvin tienne sa promesse.

J'ai regardé le calendrier … Dix-sept ans aujourd'hui.

En fouillant dans les placards, j'ai trouvé trois conserves de soupe à la tomate. Cela nous fera bien tenir pour la nui, demain je ferai les grosses courses. Ai-je pensé.

La soupe chauffait dans un récipient prévu à cet effet. Une casserole auto chauffante conçue par la section électroménagère d’A.R.K. Elle ressemblait en tout point à une banale casserole, sauf que le manche était couvert de boutons  ; ainsi l’on pouvait régler la température, la durée de cuisson et bien d’autres choses sans avoir à dépenser de gaz ou d’électricité outre celle utilisée pour recharger la casserole.

Les effluves de la soupe montaient vers la chambre de Vlad. Ce dernier, qui a l’odorat fin, courut si vite qu'il en rata une marche. Titubant légèrement à l’atterrissage, il s’est brutalement assis sur une chaise et a levé son assiette en déclarant «  Manger  !  ».

J'ai pris un verre d'eau et l'ai soigneusement jeté sur la tête de mon frère en m'écriant «  Oups, ma main a glissé.  », avec toute la non sincérité du monde. Vlad, trempé, a enlevé son Tee shirt puis à marmonné un juron, et enfin il s'est tut. Il m'a souri cependant, et j'ai vu dans ses yeux pétillants toute la malice qui faisait son charme, à ce grand dadais, mais qui disait aussi «  Je vais me venger, tu sais ?  »

Tomoe descendit les escaliers beaucoup plus calmement. S’asseyant en bout de table sans dire un mot, elle ramena la soupe a elle et se servit seule. Sa frange blonde tomba sur ses yeux, qui semblèrent disparaître.

Je lui ai souri mais elle ne l’eut pas remarqué le moins du monde. Soupirant, je me suis assis et j’ai mangé lentement. Vlad, entre deux gorgées, me dit alors  :

· Alors, l’école  ?
· La routine. Melvin veut me faire une fête d’anniversaire.
· Tiens, c’est gentil, ça.
· Ouais. Y a aussi un gros balèze qui veut me frapper, demain matin.
· Que … Pardon  ? Tu veux que je vienne  ? S’est exclamé Vlad, en me regardant.
· Nan, c’est cool. La maîtrise du vent de Mel’ sert précisément à me protéger.
· Haha, je comprends. C’est sur que pour nous, naître sans pouvoirs magiques n’est pas chose aisée. Cela dit, je ne sais même pas d’où viennent ceux de ton ami.
· Ça se voit un peu à son physique … Mais Melvin vient de l’archipel Forma, côté Air. Enfin, lui, il est né à Bazzer, mais ses arrières grands parents viennent de là. Mais comme tu le sais, l’Archipel Forma s’est refermé sur lui-même il y a près d’un siècle, aussi nous avons beaucoup d’immigrés à Bazzer. Enfin quand je dis immigrés, depuis deux à trois générations, je pense qu’ils sont aussi Bazzerriens que toi et moi.
· Pas faux. Forma … C’est un lieu carrément étrange, je trouve, a rétorqué Vlad, en posant sa cuillère dans le bol.

En effet l’archipel Forma est un ensemble de plusieurs îles présentes sur la mer scellée, reflétant des caractéristiques élémentaires très poussées. Il y avait, entre autre, une île de feu, de glace, de vent et de Terre. Religieusement parlant, Forma était censé abriter la légendaire clé élémentaire, un des artefacts divins laissés aux Hommes par les dieux, pour maintenir l’équilibre en Aether. Mais il y a cent ans et quelques années, les quatre îles principales  : GivraForma, MagmaForma, TerraForma et AeliaForma se sont repliées sur elle-même. L’une refermée par une carapace d’Iceberg, l’autre par un anneau de Lave et d’intenses émanations volcaniques, sa congénère par d’immenses tornades et typhons, et la dernière par un anneau de ronce si dures que la coque d’un brise-lames se fissurerait à son contact.

La conversation allant bon train, et nous sommes tous allé dormir. Demain matin, si je devais affronter Ralph, ce serait probablement avec honneur, mais la défaite serait surement de mise, aussi j’avais décidé de m’y préparer mentalement.

Il devait être minuit lorsque je me suis endormi.

Dans mon rêve, tout était brumeux. Le ciel n’était pas visible, sauf quand je me concentrais, avec difficulté. Des esprits tournaient autour de moi. Je les percevais mais ne pouvais les voir avec discernement. Simplement sentir leur présence froide. Ils se rapprochaient de moi, inlassablement, se resserrant comme des anneaux. Je paniquais. Je ne pouvais pas bouger, mais sentais l’instinct de survie refaire face.

Alors je tombais à genou. Mes mains se placèrent devant mes yeux, sans que je les commande, et j’ai crié. Le voile d’ombre m’enveloppa doucement … Je me suis recroquevillé au sol. Une goutte d’eau est tombée. Je l’ai entendu. J’ai ouvert les yeux, et ai tenté de me relever. Autour de moi se trouvaient deux êtres. Je ne pouvais les voir, cependant … L’un avait deux dagues, qu’il tenait fermement. L’autre bandait un arc face à une masse noire pourvue d’un seul œil couleur rouge sang. Le temps était arrêté, autour de moi. Ce froid. Ce froid glacial. Je le ressentais jusque dans mon échine. Les yeux de ces deux êtres … L’un avait les yeux jaunes. Tout l’œil, j’entends. L’autre avait les yeux rouges. Alors ils m’appelèrent. Dans un murmure froid, ils dirent  :

· Rétablit le cours du temps …
· Que  … Quoi …  ? Où  … Où suis-je  !? répétais-je, reculant de leur corps.
· Libère nous, Jonathan Staÿlis … Relâche le pouvoir en toi …
· N-Non  !! Partez  !!

J’ai couru dans les ténèbres, me tenant la tête, m’éloignant des deux corps sombres et sans vie qui m’appelaient. D’un seul coup, la masse noire cyclopéenne s’agita et se cambra en arrière, avant de se téléporter dans un effroyable rugissement, si strident que j’en fus tombé à terre pour me boucher les oreilles dans un râle de souffrance. Alors le cyclope d’ombre apparut devant moi et me porter de sa main putride par le col, me levant doucement.

· Je te dévorerai, porteur du Temps. Je te dépècerai et ferai de ton squelette une marionnette, avant d’aspirer ton âme … Aaaaaaah …
· Non … Non  !! NON  !!

Une lumière rosée émana de mon corps et la pince du monstre me relâcha. Mon corps flotta dans les airs quelques secondes et se cambra en arrière, mû par la puissance dont je disposais. Je souffrais le martyr. Alors l’ombre autour de moi devint mouvante et les deux silhouettes qui m’appelaient foncèrent sur le monstre. Le détenteur de l’arc décocha une flèche dans son œil. Le second abattit ses deux lames dans la masse, et celle-ci explosa, portant ses deux mains sur sa tête. Le cyclope d’ombre rugissait, et les deux personnages se mirent en position d’attaque, devant moi. Je ne contrôlais plus mon corps. Je me suis placé au milieu, hurlant  «Non  !! Je … Laissez-moi tranquille  !!  » Mais rien n’y fit.

Les deux silhouettes murmurent en chœur  :

· Adrom Laser …

Ma main gauche se leva brusquement  ? Mon bras, tendu vers la Créature, aspira l’énergie autour de ma main, et un laser rose sortit de ma paume. Si puissant qu’il traversa le cyclope, le déchira en deux. Son cri fut alors effroyable. Explosant, tout disparut autour de moi. Une voix féminine murmura alors  :

· Jonathan … Réveille-toi … Demain … sera un grand jour …

Je me suis réveillé en sursaut. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, et je transpirais. Il était cinq heures trente du matin. N’arrivant pas à reprendre mon calme, je suis resté assis dix minutes, le regard dans le vide, tandis que mon cerveau tentait d’analyser la cause d’un tel cauchemar.
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08.03.14 23:57
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Alors franchement de toutes les histoires et fanfic que j'ai lu celle-ci que tu fais est celle que je préfère. Super bien écrit, très détaillé avec un univers et des personnages propres (j'adore vraiment le contraste de caractère entre Jonathan et Melvin xD) la présentation est aéré... bref en un mot : J'ADORE !!! Et vivement que tu sortes la suite j'ai trop hâte de le lire :D
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09.03.14 0:46
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Ca me fait plaisir ! Dans ce cas je vais directement te mettre le chapitre deux !




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Chapitre 2: Où j’apprends que l’on peut se battre avec une chaussure en moins.


· Hrm … Je suis … si fatigué …


Le soleil n’était pas tout à fait levé sur la cité  :

Les rayons de l’aube traversaient la fenêtre de ma chambre, et les particules de lumière étaient altérées par mes rideaux orange qui se mariaient parfaitement avec la teinte beige de ma chambre. Notre maison n’avait initialement que deux chambres  : Vlad et moi faisions chambre commune au départ mais il avait rapidement pris son indépendance, ce qui m’avait forcé à déménager au grenier pour des raisons pratiques. Mais … Je ne m’en plaignais pas. Quoi de mieux que d’être intime avec soi-même  ? Et puis … Le fait d’avoir le toit comme plafond je trouvais ça aussi cool qu’esthétique.

Vlad était parti cinq minutes avant moi. Nous travaillions au même endroit et, même si notre boulot à mi-temps de facteur ne payait pas des masses, il me permettait au moins de me dégourdir les jambes avant les cours.

Notre parcours était simple  : Nous devions nous rendre à l’aile postale d’A.R.K pour récupérer le courrier ainsi que les journaux, les placer dans le compartiment de notre véhicule de fonction et partir dans la direction opposée l’un de l’autre, faire le tour de chaque secteur et revenir. Mon frère n’ayant pas cours, il couvrait plus de terrains que moi. Par ailleurs, son contrat était à plein temps, mais bientôt expiré. Je ne savais pas s’il comptait le renouveler, mais cela s’avèrerait nécessaire à un moment donné.

Son secteur matinal était celui des ports boyaux : Une partie portuaire de la ville. Et glauque. Je me souviens que l’on avait donné ce nom à ce port depuis l’assassinat des touristes et de l’équipage d’un paquebot entier, amarré juste pour une nuit. L’assassin courait toujours, mais avait quitté le pays depuis des années, maintenant. Impossible de connaître le motif de pareil crime. Histoire d’argent, de vengeance, ou bien folie passagère … C’était Bazzer, quoi que l’on en dise.

Mon secteur couvrait le périphérique Ouest de Bazzer, à l’Est d’A.R.K (qui était au centre et dont la porte d’entrée se trouvait au sud) et comprenait la Place de la Victoire, qui était le point commercial de la ville, et celui où les appartements étaient les plus luxueux.

J’ai enfourché mon scooter. Mon sac tapait contre le moteur de ce dernier et la sangle manquait de se détacher tous les vingt mètres, ce qui devenait très rapidement gênant, mais je m’y étais habitué. Pour porter les manuels scolaires, il n’y avait rien de mieux qu’un sac à bandoulières.

Le gros souci, ce matin, résidait dans ma fatigue. Dans le coltard le plus intense qu’il m’ait été donné de ressentir, je manquai plusieurs fois de tomber à la renverse, cognant contre les voitures voisines qui me klaxonnaient, et dont je ne savais répondre que «  J’m’en fous.  » à travers la visière fumée de mon casque. Arrivé  devant l’aile Postale d’A.R.K, je m’étais rendu compte que j’avais oublié mon badge d’entrée. Vlad m’attendait, le sourire aux lèvres et son casque sous l’épaule  :

· Je suis bien content que tu m’aies attendu, j’ai oublié le badge d’entrée, lui ai-je dit, en baillant.
· Ouais. Pas que ça, d’ailleurs … – Il s’emmitoufla dans son écharpe, grelottant à cause de la brise matinale – au cas où ça t’intéresse, il te manque ta chaussure gauche.
· Que … Pardon  ?

J’ai baissé la tête … et effectivement, il me manquait une chaussure. Arquant un sourcil, j’ai murmuré  :

· … Ok. Pas grave. Allons chercher notre tournée.
· J’te suis, frérot.

Nous sommes entrés par le petit portail. Les autres postiers n’étaient pas encore arrivés … Nous étions toujours les premiers car j’avais mes cours qui suivaient directement. L’annexe postale d’A.R.K était reliée au bâtiment de la multinationale mais nous ne pouvions y accéder de l’extérieur. D’ailleurs, ni Vlad ni moi n’y étions un jour entré, et c’était peut-être mieux comme ça. Les ouvriers alpha allaient arriver dans l’heure, aussi notre retour allait surement être ponctué par une file de travailleurs portant un casque orange et une mallette contenant leur repas. Je savais les conditions de travail des ouvriers d’A.R.K précaires, mais leur salaire plutôt bon. En effet il fallait avoir un minimum de diplômes pour entrer dans la plus grande des usines du continent, et ce n’était pas donné à tout le monde, malgré ce que l’on pourrait croire.

Le chemin de terre donnant sur la porte de l’Aile postale était entouré d’une vaste cour verte et grillagée au bout. Difficile d’y entrer ou d’y sortir sans le badge, et prudence était de mise, car des dispositifs de surveillance épiaient le moindre mouvement des personnes qu’ils focalisaient. Vlad aimait bien leur faire des grimaces mais j’en venais à me demander quelle était la tête des gens qui le regardaient et si, tous les matins, ils attendaient avec impatience de voir quelle bêtise mon frère était capable de leur sortir.

La grande porte en acier ne s’ouvrait elle aussi que grâce au badge, et aussi étonnant que cela paraisse, nous entrions dans une sorte de tuyau, où étaient disposé une plateforme, un rail, et des néons rendant l’endroit blanc immaculé. Placés sur la plateforme d’acier, nous nous sommes dirigés vers le centre de stockage des courriers. Un grand sac à mon nom m’attendait. Appelant des androïdes au long nez portant un tablier blanc et une casquette blanche, je leur ai ordonné d’apporter le courrier jusqu’à mon véhicule, comme la procédure le demandait.

Les androïdes, au nombre de deux (un pour mon frère et un pour moi) placèrent leur main vers leur tête, tel un signe militaire d’ordre reçu et accepté, et sortirent une télécommande de leur tablier. Celle-ci, rectangle, vert foncé, et se terminant par une antenne parabolique de petite taille, cracha un rayon de lumière rose et blanc qui changea le poids du sac. Bien moins dense, celui-ci flottait presque dans les airs. Les androïdes sortirent une corde et l’attachèrent à l’ouverture des sacs, et les tirèrent comme un ballon de baudruche. Cette technologie me dépassait tant qu’elle fascinait Vlad, qui insistait pour tester la télécommande chaque matin, à coup de «s’il vous plait vous plait vous plait vous plaiiiiit.  » et sans résultat, bien entendu.


Vlad et moi-même sommes partis chacun de notre côté. Notre parcours me permettait d’être généralement à l’heure en cours, et je n’avais pas le temps d’aller récupérer ma chaussure tant ma matinée était minutée. J’avais ouvert la visière de mon casque pour que le vent me réveille  :

Le contact de la brise me rafraichissait et irritait mes yeux pour me faire pleurer, ce qui les humidifiait et affinait mon regard. Avalant les kilomètres et m’arrêtant tous les cent mètres pour déposer des lettres ou un colis, je réfléchissais à l’altercation avec Ralph … S’il me revoyait, allait-il me reconnaître  ? Je ne pouvais établir avec précision le profil de ce genre de type mais je pressentais n’être qu’une cible parmi tant d’autres sur son tableau de chasse à l’homme. Pourtant quelque chose me tracassait. Son regard … Il était effrayant. Je ne savais pas quel genre de personne il était, mais il ne me semblait pas humain pour deux sous. Melvin n’avait pas pu m’aider, pris de court par les évènements, et je tenais à remercier l’intervention de cette fille … Laura. Son bouclier avait été très efficace et je reconnaissais clairement la patte de la famille Psychomancienne de la ville.

Laura Elisabeth Jones était la descendante directe d’une lignée particulière, dont les ancêtres semblaient être des nobles du continent Hivernal. Cette noblesse avait toujours été présente, de ce que je savais, et le père de Laura, que je ne connaissais que de nom, pouvait se vanter d’être, après le patron d’A.R.K, l’homme le plus riche de la ville. Le lycée avait autour de lui un dispositif complexe de capteurs magiques, qui annihilaient les pouvoirs des élèves et professeurs dans l’enceinte de l’école, pour éviter tous problèmes, mais Laura était une des très rares personnes à avoir assez de pouvoir pour contrer ce pare-feu magique. Melvin, lui, n’y arrivait pas, ou alors à très faible dose quand les conditions s’y prêtaient.

Quoi qu’il en soit, Ralph semblait représenter une menace que mon quotidien n’avait pas prévu, et je n’étais pas préparé à ce genre de choses. Pas dans le lycée … A Bazzer cela se serait fait sans problème, puisque j’avais mon garde du corps rasta. Lycée qui, à ce propos, ouvrait dans quelques minutes. Fonçant sur mon scooter, que j’ai garé près de Nondôm, dans un parking réservé aux deux roues, j’ai ralenti le rythme en approchant du portail. Ce qu’il fallait c’était être discret.

Sauf que ben, quand on a un ami d’enfance, on n’est pas discret généralement, et quand Melvin m’a mis sa traditionnelle tape dans le dos, qui m’a valu de trébucher dans les escaliers et de tomber nez à nez contre Ralph, qui passait au même moment … J’ai rapidement compris que l’on ne pouvait changer le destin.


· … Tu es le moucheron d’hier.
· Eeeeh … Melvin tu pourrais faire attention où tu mets tes grosses mains de breakdancer … Pardon  ?

Je me suis doucement relevé. A l’entente de cette voix, mes jambes tremblèrent. Je n’étais pas encore arrivé au portail du lycée que j’avais déjà des ennuis jusqu’aux genoux. Sa capuche sur la tête, Ralph me toisait. Son regard était froid et cruel, pour ne pas dire effrayant, et tandis que ma vision se troublait et que je me rapprochais du mur derrière moi, mon cerveau carburait. Ce regard … Je le voyais, maintenant … Il n’avait absolument rien d’humain. Ma respiration devenait rapide et saccadée, et mes mains tentaient de se raccrocher aux briques du mur, comme si mon corps tout entier allait basculer en arrière. J’avais peur. Melvin, en haut des escaliers, criait  :


· Tiens bon Zenzen, j’arrive  !! 

Mais il était trop tard. Ralph avait retroussé sa manche, révélant un bras droit en métal orné d’une fine peau synthétique. J’ai froncé les sourcils. J’en étais sur maintenant  :

· … Tu n’es pas humain. Tu es un androïde  ! Non … Pire que ça. Les androïdes n’attaquent que pour une raison précise, s’ils ont été programmé pour. Toi tu attaques à vue quiconque te dérange. Tu étais humain, je le sais. Qui es-tu  …  ?
· Tu m’ennuies. GRAB  !

Ralph déploya son bras et le projeta dans ma direction. Son poignet se détacha de son membre dans une petite explosion de vapeur et sa main fonça rectilignement dans ma direction. Celle-ci était rattachée à son bras par une massive chaine de métal. Sa main attrapa mes vêtements, au niveau du torse, et Ralph fit un mouvement de jambes en arrière tout en déployant son bras dans la direction opposée, ce qui eut pour effet de m’attirer à lui et de violemment me faire ejecter dans la direction opposée.

Tombant au milieu de la cour du lycée, poussiéreux et saignement partiellement, je me suis relevé en toussant.

· … Tu es … Tu es un cyborg.
· Peut-être. Et aujourd’hui, tu es ma proie, Jonathan Staÿlis.

J’ai écarquillé les yeux.

· Comment connais-tu mon nom  !?
· Je sais tout de toi, prince temporel. Et c’est en te tuant ici et maintenant que l’avenir sera assuré. Un avenir où mon maître règnera. Un avenir où les dieux ne descendront pas en Aether. Un avenir SANS Jonathan Gozen  !

Ralph fonça sur moi et m’attrapa par le col, me projetant en l’air et lançant son poing-grappin pour me coller un uppercut direct. Avant même de tomber au sol, Ralph chargea son poing et me frappa en plein estomac, ce qui altéra de quatre-vingt-dix degrés ma chute et me fit tomber loin dans la cour. Tremblant, je murmurai  :

· … Je dois … Fuir …

En me retournant, je tentais désespérément de courir dans la direction opposée à celle de Ralph. Les lycéens s’agglutinaient autour de nous, tels des badauds sans une once d’information concernant ce qu’ils regardaient, et bien que je fus dos à mon agresseur, son regard transperçait mon échine, puis mon esprit, et me paralysait. Ma jambe gauche, affaiblie par le mouvement de Ralph, me déséquilibra et je tombai contre le sol, me rappant le bras et le visage. Me retourna violemment, face contre terre, je pleurais sans pouvoir m’arrêter. Cette réaction était due à deux choses  : Premièrement, mon sentiment d’impuissance face à cette situation. Deuxièmement, le regard de Ralph, qui, impassible, me considérait comme un moins que rien. Ce regard, soutenu à celui de la foule, tantôt souriante, tantôt étonnée, avait fait craquer mes nerfs.

Ralph leva son bras gauche, et sa main se transforma en canon.

· Lorsque mon maître m’a conçu … Il a mis dans ma base de données des évènements de mon passé … Ton futur … Qui démontrent clairement que ta destruction engendrera le répit de l’Humanité et de la planète. Tu es l’unique destructeur du Futur, et ma mission est de changer l’ordre quantique du monde en empêchant tout cela … Il n y a rien de personnel à mes agissements. Je ne fais que suivre les ordres qui m’ont été donnés … Adieu.

Ralph tira un laser bleu ciel si intense que le gravier se souleva. Une ombre se plaça devant moi. Tout se passa extrêmement vite. De longs cheveux blonds vinrent me chatouiller le nez et, malgré le soleil qui altérait considérablement ma vision, je voyais une personne aux formes féminines, les bras écartés, se placer devant moi. Des ailes brillantes sortirent de ses omoplates et m’aveuglèrent. Sa voix tonna alors  :

· Angel No Kabe  !

J’en étais certain maintenant … C’était une fille. Un ange  ? Je voulais que ce soit un ange. Ses ailes devinrent bien plus grande et elle fit un saut en arrière, et replia ses ailes derrière autour de moi, m’enlaçant. Son parfum, sa chaleur … Tout en elle m’enivra … Et mon cœur me fit extrêmement mal … Comme si quelque chose tentait de s’en échapper mais en vain. La lumière bleutée du laser de Ralph illumina l’intérieur des ailes et les fit trembler. Ma protectrice poussa un gémissement de douleur très bref et resserra son étreinte. Ses mains étaient blanches. Ou alors très pâles. Les ailes se rouvrirent, laissant la place aux rayons du soleil, qui jamais auparavant ne m’avaient parus si bienfaiteurs. Mon bref regard sur le soleil m’avait regonflé d’une énergie étrange appelée espoir, que je n’avais eu depuis bien longtemps.
J’ai tourné la tête. La fille qui m’avait protégée n’était nulle autre que Laura. Celle-ci me regardait en souriant. Ses yeux bleus me transpercèrent d’une aura bienveillante qui fit accélérer le pouls de mon cœur. Les multiples traces de blessures sur son corps prouvaient que ce sort de protection, hautement efficace, n’avait pas été exécuté sans sacrifice. Une voix retentit alors  :

· Oy, oy. Je n’apprécie pas vraiment qu’un cyborg tueur essaie de fusiller mon meilleur pote, si tu vois ce que je veux dire …

Tout le monde – y compris moi et Laura – tourna la tête. Melvin, assis sur le toit d’un des bâtiments du lycée, avait la main gauche ouverte, et une petite tornade y tournait inlassablement. Celle-ci était en partie bleutée  : Le laser avait été dévié par Laura puis contenu par Melvin et ses pouvoirs sur l’élément Air.

· Ta démonstration de force a brisé le régulateur anti-magie du lycée … C’qui fait que je peux me déchaîner librement à partir de maintenant. Et là tu vois, mec, j’crois que ni Laura ni moi on va te laisser imposer ta loi ici.

Melvin ferma la main et le laser fut redirigé de tous les côtés, par faibles éclats. Sautant dans le vide, celui-ci se mit à glisser sur le vent comme s’il était sur un rail, avec un équilibre étonnant, et se plaça devant moi et Laura. Laura se releva à son tour, ses ailes à peine dépliées, et fit de même, aux côtés de Melvin.

· Dis-moi … Tu les sors d’où, tes ailes  ? Elles sont trop cool.
· … Ce n’est que de l’énergie cristallisée. Ces ailes sont une illusion modelées par l’adrome spirituel environnant et disparaitront une fois les molécules consumées par leur propre pouvoir …
· C’est quand même stylé.

J’essayai tant bien que mal de me relever mais de multiples parties de mon corps avaient subies des lésions dangereuses que je ne pouvais contenir avec ma seule force. Faisant un pas, puis deux, je réussis à m’adosser aux épaules de mes protecteurs, murmurant  :

· … Attention … Il est dangereux …
· No problem, Man. On va l’renvoyer d’où il vient, pas vrai  ?
· Oui. Je déteste les gros bras qui se la jouent. N’est-ce pas Melvin  ?
· Argh. Euuuh. Non, je ne vois pas de quoi tu parles.
·

Ralph fronça les sourcils et cria une nouvelle fois «  GRAB  » avant de projetter son poing sur Laura, qui fit un pas sur le côté pour l’esquiver.


· Son grappin est rectiligne, ainsi que la plupart de ses mouvements  ! Si nous l’attaquons par le côté, nos chances seront accrues …
· Okay  ! Let me try  !
· … De quoi  ?
· C’est d’l’anglais, baby  !

Melvin fonça sur le flanc droit de Ralph et fit trois pas en arrière pour prendre de l’élan  :

· Sonic Wind  !

Un vent arrière projeta Melvin qui donna un coup de pied sauté dans le visage de Ralph, qui recula. Melvin cria au même moment  :

· What the  …  ! Ce mec est en titane ou quoi  !? J’ai super mal  !

Laura, elle, attaqua le flanc gauche de Ralph et plaça ses deux paumes en avant, visant le cyborg. Un rayon d’énergie rose cristallin se matérialisa et frappa le bras de notre ennemi.

· Que … Mon attaque n’a que trop peu d’effet … C’est impensable …
· C’est un cyborg bande de génies, il est en métal  … Que croyiez-vous pouvoir faire  ? ai-je murmuré, avant de tomber sur un genou, harassé par le combat.

Ma vision se troubla. Ralph plaça sa jambe en arrière et tourna rapidement sur lui-même, éclatant sa chaine contre Melvin et Laura, qui furent frappés violemment et qui tombèrent à terre. Mes muscles se compulsèrent instinctivement et mon corps ne m’obéit plus. Fonçant sur mon ennemi, criant et donnant tout ce que j’avais, j’esquivais difficilement ses coups et ne pouvait en renvoyer aucun. Une énergie puissante s’empara de mon corps au moment où je vis que mes amis ne bougeaient plus. Mes yeux se fermèrent une seconde et je vis le regard perçant des deux personnes que j’avais libéré dans mon rêve. Leur voix murmurait «  Utilise tes pouvoirs …  » mais je n’en avais aucun. Ils le répétèrent, tandis que j’esquivais les coups de poings de l’autre avec une fluidité inouïe. Laura et Melvin recommencèrent à bouger et tentèrent de se relever, observant avec attention le combat. Les jumeaux … L’un avait les yeux rouges, l’autre avait les yeux jaunes. Alors que l’adrénaline s’emparait de moi, je voyais par flash leurs visages, durs et immaculés à la fois. Leurs yeux, brillant et ténébreux, lisaient en moi comme dans un livre. Des passages de mon rêve revenaient à la surface. Le cyclope d’ombre. Son sourire.

J’ai fait un pas en arrière et, mû d’une force incontrôlée, j’ai foncé sur Ralph en exultant ma rage. La paume de ma main frappa violemment le torse du cyborg, qui recula. Celui-ci déclara  :


· Même sans la clé temporelle tu as des ressources … C’est très bien comme cela. Je vais en finir ici et maintenant, et tuer tes amis par la même occasion, ainsi que tous ceux qui m’ont vu.

Ralph leva ses deux bras au ciel et tira une salve de missiles qui vinrent s’écraser contre Nondôm ainsi que sur le sol de la cour. Les élèves crièrent et s’enfuirent comme ils le purent, mais certains furent emportés dans les multiples explosions, dont la fumée ne couvrait que partiellement le massacre ensanglanté qui en résultait. Voyant ceci se produire, j’ai foncé en direction de mes alliés. Laura était absolument impassible à ce qui se passait autour d’elle, mais Melvin avait porté sa main à la bouche, avant de trembler de colère. Ralph plaça doucement ses bras dans notre direction et, dans un accroc de vapeur, trois missiles furent lâchés. Melvin fonça sur l’un d’entre eux et matérialisa une tornade pour l’envoyer dans le ciel. Laura fonça sur Melvin et sauta sur son dos, dépliant ses ailes et lançant une pluie de plumes cristallines qui explosèrent deux missiles. Le troisième … Personne ne pouvait l’arrêter. J’étais trop proche.

Un éclair me frappa au même moment. Du moins, la douleur et le bruit furent similaires. Tout cela n’était qu’une trop forte réaction de mon esprit face aux évènements, bien trop rapides et violent pour que je les perçoive de manière convenable. Oui, tout autour de moi était flou et noirci par des ténèbres incompréhensibles. Je n’étais plus moi, c’était une évidence, je ne pouvais que suivre mon corps dans cette lutte pour la survie. Mes sens eux-mêmes semblaient différents.

Avançant mon bras gauche devant le missile, un cône rose pâle en sortit, ralentissant considérablement la vitesse de l’obus. J’ai alors inconsciemment crié  :

· IJIGEN THE TIME  !

Donnant une violente gifle devant le missile, celui-ci se retourna et reprit sa vitesse originelle, direction Ralph, dans un sifflement aigüe. L’explosion qui suivit déchira une partie de ses habits et de sa peau synthétique. A genoux, Ralph haletait. Son visage, en partie découvert, montrait un œil bleu ciel visiblement mécanique ainsi qu’un visage en titane et en or. Ce dernier cria et se releva violemment, fonçant sur moi, les bras écartés et les poings en arrière. Le lycée autour de nous était en flamme, et partiellement détruit. Le sol, miné par les éclats d’obus, était devenu cahoteux et dangereux, et des cadavres de lycéens gisaient là où les trous s’étaient formés. Me plaçant en position d’attaque, tremblant et le visage saignant, j’ai attendu que Ralph arrive.

Une énergie m’envahit à nouveau au niveau du cœur, et me paralysa totalement. Deux spectres sortirent de mon corps et fusèrent à toute vitesse sur le cyborg. Sans armes et ailes déployées, l’un dit  :

· L’afflux d’énergie est considérable. Les adrômes temporels sont en éveil et consument la dimension autour de Gozen.
L’autre répondit, sans freiner sa course  :

· L’adrôme spirituel semble lui aussi agité, à cause de cette fille. Si nous devions le biome tempora-primal de quarante pourcent nous ouvrirons une brèche capable de renvoyer cette machine dans son époque.

L’ange et le démon, de ce que je voyais, tournèrent à une vitesse hallucinante autour de ralph et les plumes de leurs ailes, trainant sur le sol, tracèrent deux cercles parfaits. Le démon se téléporta derrière moi et me mis un coup de pied dans le dos si fort que je tombai en avant devant Ralph. Mes mains se placèrent sur le sceau et celui-ci devint rose. Des inscriptions se matérialisèrent entre les deux cercles et une cage se forma autour de Ralph, qui cria. Le ciel s’assombrit et les nuages allèrent bien plus vite. Tout autour de nous bougeait en accéléré. La journée passait et seuls les êtres vivants étaient stoppés dans le temps. Le petit matin fit place au crépuscule et Ralph, dans un dernier souffle, disparut. Melvin et Laura avaient été épargnés par l’emprise de l’enchantement et observaient en silence ce qu’il se passait.

Les deux spectres se placèrent devant moi. L’un souriait et l’autre avait un air patibulaire et des cernes sous les yeux. Je les ai immédiatement reconnus  : Les jumeaux de mon rêve. Ceux-ci soufflèrent et disparurent lentement. Je me suis affalé par terre. Mon corps ne supportait plus tout cela. Laura et Melvin vinrent m’adosser à leurs épaules et sous le soleil couchant des androïdes policiers accoururent et constatèrent les morts et les dégâts. La journée s’était passée, excluant tout ce qui était organique, et personne ne semblait se rendre compte qu’il y a quelques secondes encore, il n’était que sept heures du matin.

· Unité de Police A.R.K numéro soixante-dix-neuf. Etes-vous blessés  ? a déclaré un androïde en se plaçant devant nous et en nous analysant grâce à ses lunettes.
· Cool man … On va bien … Je crois.
· Allons chez moi, je vous soignerai, a murmuré Laura, j’habite en haut du quartier nord.
· Dans l’grand manoir  ? Cool  ! On le voit de la classe de sciences nat’. T’es bourge comme fille, quand même.
· Melvin … Tais-toi un instant, j’ai mal au crâne, ai-je murmuré.
· Ok, ok. Peace.

Laura sortit un téléphone et composa un numéro. Elle dit alors  :

· Jeremy, demandez à mon père de nous téléporter, c’est urgent. Je suis accompagné de deux personnes ayant besoin de soins intensifs.

Une seconde après cela, une violente énergie blanche et argentée me frappa. En un clin d’œil je n’étais plus au lycée mais devant une grande porte en bois. Les poignées étaient en or massif et nous étions effectivement au sommet d’une colline.

· … Impressionnant, ai-je murmuré.
· Rentrons, a murmuré Laura, nous discuterons de tout cela dans ma chambre.
· Au fait Zenzen, tu sais qu’il te manque une chaussure  ?
· Je sais, oui. Tant pis pour moi.

L’intérieur du manoir de Laura était fabuleux. Fait de marbre et décoré d’une tapisserie couleur or se mariant à merveilles avec les multiples tableaux et le tapis rouge, il y avait de quoi perdre la tête. Partout où je posais mon regard, il y avait une porte menant sans doute à un endroit aussi grandiose. M’étais d’avis que les toilettes elles-mêmes devaient être en diamant ou quelque chose comme ça.

Melvin siffla et retira son bob devant tant de richesse. Il ne pouvait que s’incliner, et je ne pouvais qu’en faire autant. Laura nous toisa et soupira  :

· Ca suffit les courbettes, montons.

Gravir les escaliers fut plus compliqué que prévu, car nos corps étaient très affaiblis. La chambre de Laura était au bout d’un des couloirs du second étage (sur trois) et celle-ci murmurait «  Faites que nous ne rencontrions personne …  » même si au fond d’elle, elle savait que son père viendrait la questionner. Les gouts artistiques de la famille Jones, prononcés, démontraient aussi d’une subtile qualité quant au choix de leur ameublement. Tout semblait vieux, mais ne l’était pas forcément. High-tech et baroque se mariaient parfaitement et des tableaux représentant des hommes et femmes de la haute, ou de magnifiques paysages hivernaux, étaient disposés çà et là sur les murs. Nous avons atteint la chambre de Laura en quelques minutes, mais à cause de mes habits sales j’hésitais à m’asseoir où m’allonger où que ce soit. Notamment car son lit à baldaquin était d’un blanc si immaculé qu’il convenait parfaitement avec son teint d’ange. Melvin, lui, ne s’est absolument pas gêné, et est allé s’allonger. J’ai vu Laura esquisser une petite moue, mais je n’y ai pas prêté attention.

La chaise de son bureau me convenait parfaitement, et la jeune fille alla s’asseoir près de Melvin, qui s’endormait déjà.

· Que veux-tu savoir  ? ai-je demandé à Laura.
· Je ne le sais pas moi-même. Beaucoup de questions s’entrechoquent dans mon esprit.
· Avant tout, je voulais te remercier de m’avoir protégé … Au dépend de ta vie … Nous ne nous sommes jamais vraiment parlé mais tu n’as pas hésité à foncer me sauver. Je ne sais pas ce qui t’as pris mais c’était très courageux.
· … Connais-tu la branche de magie dont ma famille est passée maître, depuis des générations  ?
· La psychomancie, c’est cela  ?
· Exactement. La psychomancie est une déclinaison parrallèle de l’utilisation de l’adrôme spiritua-primal originaire des sources de pouvoir de la déesse du destin Kaärma. C’est une forme de magie d’altération alternative à l’esprimancie, qui est la forme la plus brute d’utilisation de l’adrôme spirituel. L’esprimancie est une magie dangereuse qui permet de modéliser ses pensées pour créer n’importe quoi. Elle permet, par ailleurs, de soumettre les êtres organiques à une volonté imposée. La psychomancie s’attarde sur d’autres points de l’utilisation des hémisphères du cerveau … Les fonctions cognitives, en priorité. Il y a l’attention, la mémoire, le langage, les fonctions exécutives ainsi que les fonctions visuo-spatiales … Et parallèlement la perception des auras, des pensées et des rêves. Ce qu’un être humain fait, tout ce qu’il peut faire ou penser, calculer ou imaginer est géré par les fonctions cognitives, dont la mémoire et les fonctions visuo-spatiales sont les principaux moteurs. La psychomancie est maître de la mémoire et des fonctions exécutives. L’esprimancie est maître des fonctions visuo-spatiales, mais l’un dans l’autre, chacune de ces branches est capable d’utiliser un léger éventail des senseurs cognitifs qu’ils ne maîtrisent pas à plein pouvoir.
· … J’ai du mal à comprendre, ai-je murmuré, je peux concevoir ce qu’est la mémoire, mais le reste …  ?
· Mh … Les fonctions exécutives, ce que ma famille maîtrise à plein pouvoir… correspondent à des fonctions élaborées de logique, de stratégie, de planification, de résolution de problèmes ou encore de raisonnement dit hypothético-déductif. Par exemple, La planification permet de définir un programme d'actions et de respecter des priorités sans se disperser. Il s’agit d’une capacité de concentration permettant de hiérarchiser ses priorités en tenant compte des liens entre celles-ci et de la diversité des données concernées. Si tu veux, Jonathan, lorsqu’une personne résout un problème, de quelle nature qu’il soit, il passe normalement par une série d’étapes logiques qui sont  : l’analyse du but à atteindre, celle des éléments nous entourant que l’on prend en compte tels que les moyens disponibles, les contraintes ou les procédures à respecter, l’évaluation des obstacles pouvant se mettre entre nous et la réalisation de notre projet, la recherche des méthodes à recourir pour traiter ces différents facteurs et pour terminer l’évaluation comparée des effets probables des diverses solutions auxquelles on pense. Dans une stratégie, l’imagerie mentale est très importante car elle est la clé de la réussite d’un objectif, notamment car elle permet de se transposer dans une situation futuriste virtuelle et d’anticiper n’importe quel scénario … Les fonctions visuo-spatiales marchent différemment, mais convergent avec les fonctions exécutives sur un plan  : L’imagerie mentale. Les fonctions visuo-spatiales permettent de s’orienter dans l’espace et de percevoir les éléments de notre environnement pour les organiser en une scène visuelle cohérente, puis d’imaginer mentalement un objet physiquement absent. Les esprimanciens ont cette aptitude à créer une illusion physique pour parfaire un tableau visuel et soumettre l’esprit des gens autour d’eux à cette perfection. L’imagerie mentale, donc, intervient activement dans les processus de pensée, dans le rêve, dans la résolution de problèmes tels que le calcul mental, ainsi que dans l’anticipation des évènements, la mémorisation … Ce qui nous permet de nous téléporter, dans la compréhension d’une description verbale, dans le raisonnement, dans la reconnaissance d’objets présentés dans des orientations inhabituelles … Et j’en passe des dizaines d’autres.
· … Je … Je vois. C’est complexe, ai-je répondu, abasourdi.
· Plutôt, oui. Mais ce n’est pas le propos.
· Attends, attends, ai-je déclaré, ça m’intéresse … Pourrais-tu m’en dire plus  ?
· Pas maintenant, Jonathan. Mais je t’expliquerai le reste, si tu es vraiment motivé …
· Merci.
· Et je t’ai sauvé car tu m’intéresses.
· Wouuuh ~ … a murmuré Melvin, a moitié endormi. Laura a enfoncé son coussin sur sa tête, les joues empourprées.
· Je voulais dire par là … J’ai toujours senti en toi une énergie cachée, très intense et inconnue. Une énergie que je n’avais jamais ressenti jusqu’à présent, et que tu as relâché aujourd’hui, contre cette chose … C’était quoi, d’ailleurs  ?
· Je n’en sais rien. Ses paroles … Je ne les comprenais pas, mais selon lui, j’étais une menace à écarter.
· … Je ne sais pas de quoi le futur sera fait mais c’est une évidence, a répondu Laura, tu maîtrises quelque chose que je ne comprends pas. Quelque chose que lui seul pourrait comprendre …
· Qui ça  ?

La porte s’ouvrit dans un grand fracas.

· Moi.

J’ai écarquillé un sourcil.

· Je suis le père de Laura. Mon nom est Frederic : Frederic Jones.
· Et vous nous espionniez derrière la porte depuis dix minutes pour créer la synchronisation parfaite de ce genre de situation, n’est-ce pas  ? ai-je répondu.
· …
· Grillé.
· Papa  ! Je t’ai déjà demandé d’arrêter d’écouter aux portes.
· Pfeuh, je n’en ai pas besoin de toute manière, si je le voulais, je pourrais pénétrer vos esprits et lire en vous comme dans un livre ouvert. Sauf pour celui qui a un bob, là … Il semblerait qu’il n’ait rien dans la tête.

La seule réponse qu’il obtint fut un ronflement. Frederic était un grand homme assez maigre et vieux, avec de longs cheveux blonds et gris. Il portait une sorte de longue robe violette et noire, comme un archi-mage (et il en était probablement un) et sa tête était découverte, contrairement à celle de Laura qui portait un Ushanka. L’homme dévoila de grandes mains squelettiques qu’il passa sur ma joue, et il frémit désagréablement à mon contact.

· Laura, est-ce ton petit ami  ?
· Non. Absolument pas.
· … Ça a le mérite d’être franc, ai-je murmuré.
· L’énergie qu’il exhale … C’est …
· C’est impressionnant  ? Oui.
· Non, ce n’est pas le mot que je cherche … C’est impensable, plutôt. Passez donc la nuit ici, j’opérerai à des stimulations de votre corps pour accélérer votre processus de régénération et imposerai à votre esprit la volonté d’ouvrir la barrière sensorielle de votre corps pour réagir aux poussées énergétiques que je vous administrerai par la pensée.
· … Non mais on peut prendre un Nurofen sinon, j’sais pas.
· Ca ne sera pas assez … Efficace, si vous voulez mon avis, jeune Staÿlis.
· D’accord. Je ne vous ai jamais dit mon nom, aussi j’vous prierais d’arrêter de lire dans mes pensées.
· Je fais ce qu’il me plait dans ma maison … … Et retirez ce que vous venez de penser sur ma mère.
· Ok, ok.
· Vous dormirez au premier étage, c’est là que se trouvent les chambres d’amis. Je vais vous montrer où se trouve la salle de bain ainsi que la salle à manger. Peut-être voudriez-vous prévenir vos proches que vous êtes ici  ?
· C’est bon, papa, je me charge de tout.

L’homme s’approcha de Laura et lui dit alors, avec un ton doucereux.

· J’ai activé mon troisième œil sur le blondinet … Si vous vous voyez cette nuit, je presserai son cerveau si fort qu’il s’écoulera par son nez.
· Charmant. Vous êtes célibataire, j’me trompe  ?
· Que … Petit insolent. Laura, à quelle heure reprenez-vous les cours, demain  ? Vous êtes dans la même classe j’imagine  ?
· Ah … Papa … A ce propos … Le lycée est comment dire …
· Y’en a plus, quoi, ai-je fini.
· Excusez-moi  ?
· J’vous excuse. Mais on vous racontera tout ça plus tard, si vous permettez, ai-je rétorqué.
· Soit.

Frederic tourna les talons et partit dans le couloir. Avant de refermer la porte, il me dit d’un ton amer  :

· Jeune Staÿlis … Je sais des choses qui sauraient vous intéresser. Des choses que l’énergie présente en vous suinte comme le plébéien que vous êtes sous le fort soleil Bazzerien. Aussi je vous prierai de passer dans mon bureau lorsque l’occasion se présentera. Vous ne le montrez pas, derrière ce masque d’indifférence … Mais vous êtes une personne extrêmement curieuse, et surtout controversée. Au moment même où je vous ai téléporté en ce lieu, j’ai lu en vous. Ne vous attardez pas au ton que j’emploie ou à mes manières bien trop distinguées pour votre compréhension de prolétaire … En vérité, je ne vous veux que du bien. Notamment … Le bien de ce monde que ma famille protège depuis la nuit des temps.

Il claqua la porte. Laura m’a regardé  :

· … Qui es-tu, Gozen …  ?
· Je suis moi. Où est la salle de bain  ?
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09.03.14 15:11
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Invité
Toujours aussi génial, ça va devenir intéressant pour Staÿlis :D. Vivement la suite ça donne super envie de savoir ce qui va se passer :D. Je suis trop impatiente de lire la suite ^0^
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09.03.14 15:49
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Bowser
Bon, je viens de finir le premier chapitre et je suis l'avis de Plum. Bien écrit, bien détaillé mais... Y'a un truc que j'ai pas trop aimé. Y'a trop de description, beaucoup trop dans un même chapitre, trop de description des lieux et des autres trucs. T'aurai peut être du en mettre un peu moins et les introduire au fur et à mesure, après bon, c'est déjà écrit.

Dans tous les cas, je t'encourage à continuer =)
Bowser
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09.03.14 22:05
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Peachy-Hime
Okay je lis giga lentement je suis dég qu'il sois si tard j'ai mis 1h pour le chapitre 1 owo... Sérieux demain je commence plutôt le chapitre 2...

Sinon bien sur c'est bien écrit bon j'avoue pour mes petits yeux qui s'épuise trop vite c'est long mais c'est pas une reproche hein soyons clair. Sinon perso je suis pas l'avis de Bow ( on est très en désaccord pour ce moment xD) je trouve ça bien de détailler autant perso ça place l'univers pour commencer ça permet de laisser ton imaginaire de voir ou se trouve le héros.

Perso trouve la force de ton écrit et ton imagination souvent dans des fan fic que on peut voir c'est beaucoup chose inspiré de truc connu, mais toi tu te créer ton univers et c'est pour ça j'adore autant!

(Par contre en lisant omg a l'époque je savais Link s'inspirait de A.R.K mais la j'ai l'impression s'en est presque une copie xD enfin si ça trouve il a commencer a créer une bonne histoire par la suite).

Bref j'adore et sur ceux maintenant cette fic ma bien crever les yeux bonne nuit xD.
Peachy-Hime
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10.03.14 2:53
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Invité
Je t avais dit de pas lire aussi tard =D



Merci pour vos critiques et encouragements ! Comme je te l'ai dit Bow, je pense que ce n'est qu'une question de point de vue ^^ Je ne sais pas si Link copie ARK, je n'en ai pas l'impression, mais je sais qu'il s'en inspire, donc pour moi c est aussi quelque chose de bien vu que ca me donne l'impression d'être bon Rire



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Chapitre 3  : Où je vante les bienfaits de l’Amidon.





Le manoir des Jones était tellement grand par rapport à chez moi que le moindre couloir m’étonnait. Il était près de dix-neuf heures trente et Laura avait contacté Vlad pour qu’il nous apporte des affaires et passe chez Melvin pour prévenir ses parents. Mon frère, qui n’avait rien d’autre à faire et qui s’inquiétait vis-à-vis du lycée, avait accepté et désirait venir avec Tomoe. Frederic accepta et ils furent conviés à diner avec nous ce soir-là. Laura nous avait fait visiter le manoir en quelques brèves minutes et nous avions convenu d’un tour de douche  : Melvin, moi puis Laura, dont le père avait posé un troisième œil dans le couloir et dans la pièce pour empêcher tout voyeurisme. Je soupirai à cette idée. Il n’y avait qu’un pervers pour penser de la sorte, et mon regard lourd de sens lui avait fait comprendre ma pensée à son sujet, ce qui l’irrita fortement.

Pendant que Melvin se douchait, la sonnette retentit. Descendant tranquillement, je vis une femme de ménage accueillir Vlad et Tomoe, qui ouvrirent la bouche de stupéfaction en pénétrant dans la demeure de Laura. J’ai souri. Je pensai, au final, que n’importe quel Bazzerien aurait cette réaction. Adressant un bref signe à mon frère, celui-ci accéléra le pas et me lança le sac, que j’attrapai au vol. Il ne pesait pas bien lourd. Des affaires standard pour Melvin et moi. Et puis j’ai arqué un sourcil  : Je ne connaissais pas ce sac.

· Qu’est-ce donc …  ?
· Joyeux anniversaire, Zenzen  ! De la part de Tomoe et moi  !
· C’est un … Un Gumbag … A murmuré Tomoe, rougissante.
· Le Gumbag est la dernière innovation d’A.R.K  ! Comme je sais que ton sac t’ennuie avec le scooter, Tomoe et moi-même avions pensé qu’il te ferait plaisir  ! Jette-y un coup d’œil, on t’a préparé une petite démonstration  !

J’ai ouvert le sac, et n’ai pas pu m’empêcher de pousser un gémissement d’étonnement. A l’intérieur du sac se trouvait toutes les affaires dont je disposais, ainsi que ma chaussure gauche, et mieux encore  : Mes affaires de cours que j’avais laissé à la maison, et mon carnet à dessin.

· … Mais comment avez-vous pu tout mettre à l’intérieur  ? Et ça ne pèse rien  ! C’est étonnant.
· Le Gumbag est un Sac dimensionnel, voilà tout. – Vlad sourit – L’intérieur est fait de particules de saphir, dont les propriétés magiques permettent ce genre de magie. Tout ce que tu placeras dans ce sac sera réduit de taille et de masse. N’est-ce pas génial  ? Après il est un peu moche … On dirait une poire en toile beige. Mais il est vraiment pratique  !
· M-Merci … Je ne sais pas quoi dire …

J’ai souri et brièvement enlacé mon frère et ma sœur. J’étais heureux d’un tel cadeau et me demandait combien ça avait pu leur coûter. Plaçant le sac sur mon épaule, j’ai déclaré  :

· Je vais aller donner ses habits à Melvin. Quelqu’un vous fera bien la visite. En plus c’est à mon tour de me doucher.
· Qu’est-ce qu’il s’est passé  au lycée  ? A demandé Vlad.
· Je vous expliquerai à table … Même si je ne suis pas certain de le pouvoir.


Je suis remonté en hâte et j’ai ouvert la porte de la salle de bain. Melvin, affalé dans la baignoire se détendait. Lorsqu’il me vit, il ouvrit un œil et dit alors  :

· Eh mec, on n’a pas la même notion d’intimité, je crois. Et puis j’aurais préféré Laura si tu vois ce que je veux dire.
· Je vois. C’est bien pour ça que je suis là. Tiens, voici tes habits.

Ouvrant le sac, j’ai plongé la main profondément, tout en m’accrochant. Vu le sac, si je tombais dedans, j’aurais quelques ennuis. Lorsque Melvin a vu le Gumbag il s’est écrié  :

· Fiouu  ! Ça c’est du sac, homie  ! Tu l’sors d’où  ?
· Cadeau d’anniversaire  ! Ce que tu as oublié de me faire, gros malin.
· Eh, c’est faux. Je t’ai offert une nuit chez une blonde. C’est bien, non  ?
· … Ne sois pas si présomptueux.

Sortant de la salle de bain, après avoir déposé mes affaires à côté de celles de Melvin, j’ai rejoint Laura dans la chambre. Celle-ci tapait sur son ordinateur. Me plaçant derrière elle, j’ai demandé  :

· Que fais-tu  ?
· Je comptais faire la visite à ta famille mais … Mon père a tenu à le faire, ce qui me laisse du temps libre avant diner pour compléter ces quelques pages.
· Ces quelques pages  ?
· Oui … Je … Mon rêve est de devenir écrivain … Et je tente de créer une histoire. Mais sans succès … Je ne suis pas douée pour imaginer, je crois …
· Avec tes pouvoirs  ? Ce serait la meilleure  ! Et puis tu es une fille intelligente. Si c’est ton rêve, ça viendra.
· Mon rêve …

Je me suis assis près d’elle.

· Quel est ton rêve, Jonathan  ? m’a-t-elle demandé, sans me regarder.
· Euh  … J’n’en ai pas. J’aspire à la normalité, tu sais.
· Tu n’as aucun rêve  ? C’est étrange. En fait c’est impossible.
· Bah, pense c’que tu veux. Je me connais quand même.
· Mais … Jonathan. Ce n’est pas la peine de t’énerver pour si peu. En plus, tu mens parce que j’ai lu dans ton esprit que …
· Pardon  !?

Je me suis levé, faisant tomber une partie des affaires présentes sur le bureau.

· J-Jonathan! A crié Laura.
· Non ! Je suis désolé, mais merde. Je n’aime pas être vulgaire, mais l’intimité, ça te dis un truc ou c’est une notion abstraite  ?

L’ambiance est devenue plus froide, d’un seul coup. Melvin est entré dans la pièce, nous a regardé et a reculé d’un pas, attendant.

· Je vais prendre une douche, ai-je déclaré sèchement, a toute.

Je me suis enfermé dans la salle de bain et j’ai fait couler un bain chaud. La salle de bain était entièrement faite de marbre et de carrelage bleu ciel, ce qui donnait un mélange subtil. Un grand miroir était aussi présent. Je me suis déshabillé et suis doucement entré dans la baignoire, parfumée et mousseuse grâce aux divers produits que j’avais placé.

· Tss. Cette fille. Elle croit tout savoir uniquement parce qu’elle peut lire dans l’esprit des gens. Mais ça ne marche pas comme ça.

Je somnolais dans la baignoire. Cette sensation était similaire au paradis, j’en étais certain. Pour rien au monde je ne serais sorti. Les bulles formées par la mousse et les effluves des sels de bains se mariaient parfaitement avec l’ambiance de relaxation que je cherchais à produire.

Tournant la tête vers la petite fenêtre qui donnait sur la cour intérieure du manoir, j’ai vu une ombre sur le rebord. J’ai plissé les yeux. C’était un chat. Un vulgaire chat. Ce dernier posa ses pattes contre la vitre et miaula doucement. Il semblait vouloir entrer dans la salle de bain. Aucune chance que je me lève. C’était bien trop agréable.

Le chat grattait de plus en plus fort. Il m’agaçait. Forcé de sortir, j’ai ouvert la fenêtre et j’ai murmuré  :

· Qu’est-ce que tu veux, le chat  ?

Aucune réponse. Le chat s’étira et ronronna, passant devant moi et me mettant un coup de queue dans l’œil au passage. J’ai juré, une larme coulant sur ma joue. Le chat était entièrement blanc avec des tâches indigo. C’était la première fois que je voyais un tel pelage, mais une tache me fit froncer les sourcils. Il sauta de la fenêtre et atterrit sur l’évier. Soupirant, je me suis dirigé vers la porte de la salle de bain pour l’entrouvrir et le laisser partir, mais instinctivement, l’animal sauta devant la porte et me barra la route, hérissant ses poils. Au moment où j’ai levé le pied pour lui mettre une tatane, parce que je le valais bien, j’ai senti quelque chose d’étrange  :

Malgré sa position d’attaque, le chat semblait avoir un problème  :

Je n’avais aucune raison de le ressentir, mais je l’avais bel et bien ressenti. Je me suis placé sur un genou et me suis baissé pour l’observer. Il était blessé. La tâche que j’avais vue était donc bel et bien du sang. Son comportement n’avait rien à voir avec celui d’il y a quelques secondes. J’ai doucement approché ma main, et il m’a mordu si fort que mon doigt saignait. Poussant un gémissement, j’ai fait pivoter mon bras et la puissance de l’action fit valser l’animal contre un meuble. Il s’y écrasa et cracha un peu de sang, qui devint sur l’instant un concentré de poussière rose brillante qui s’évapora. J’ai écarquillé les yeux  :

· Qu … Qu’est-ce que tu es …  ? Un monstre  ?
· … fffrrt …

Le chat se releva et s’approcha de mon visage. Ses pupilles n’étaient pas normales. Des lotus. Elles avaient la forme d’une fleur de Lotus et ses iris étaient roses.

Quelqu’un toqua à la porte. Je me suis retourné. Mes yeux se posèrent une dernière fois sur le chat, mais celui-ci avait disparu. Avais-je rêvé  ? … Non. Il y avait encore un peu de poussière par terre. Cet animal était blessé … Mais plus loin que ça, il n’était pas normal. Son regard … Quelle impression étrange.

· Qui est-ce  ? Ai-je demandé à l’attention de celui qui avait toqué.
· .. C’est moi, m’a répondu Laura. Je tenais à m’excuser pour tout à l’heure.
· T’excuser de quoi  ? Tu n’as rien fait.
· Non ce n’est pas ça …

J’ai senti qu’elle s’était adossée à la porte.

· Nous ne nous connaissons que depuis une journée, et je t’ai tant embarrassé. Je me suis mêlé de ce qui ne me regardait pas, sans me préoccuper de ce que tu pouvais ressentir. Je t’ai protégé lorsque cette machine t’a attaqué … Dans le but de faire sortir cette puissance cachée qui m’intrigue tant, mais je n’ai pas imaginé un instant que … Peut-être …
· Ça va. Disons que c’est une façon intéressante de se faire des amis. Si tu veux tant te rattraper, tu n’as qu’à faire des efforts et arrêter de chercher à tout savoir. Tu te prends trop la tête.

Elle poussa un bref gémissement de surprise.

· Je t’aime bien comme tu es, alors ne cherche pas à tout prix à simplifier ma vie, sinon je me verrais forcé de te considérer comme une gêne.
· … D’accord … Je comprends.

J’ai enfilé mes affaires et suis sorti, après m’être séché  :

· Dans ce cas, j’en suis heureux, même si ça ne se voit pas.

J’ai murmuré  :

· Ça ne se voit jamais, de toute façon, peu importe combien j’essaie.

Cédant ma place à Laura, je cherchais Melvin du regard, mais celui-ci ne semblait pas se trouver à cet étage. Descendant les escaliers un à un, je plissais les yeux à chaque corridor. Il n’y avait pas énormément de lumière ici, et l’ambiance était aussi luxueuse que lugubre lorsque l’on était seul. Le repas devait bientôt être servi, par ailleurs. Atteignant le grand salon, situé au rez-de-chaussée, derrière une grande porte en bois massif visible depuis l’entrée et suivant la continuité d’un long tapis rouge bridé d’or fin, j’ai rejoint Vlad, Tomoe et M. Jones. Celui-ci m’accueillit à bras ouverts. Melvin n’était pas ici, par contre  :

· Jonathan Staÿlis  ! Appréciez-vous le confort de ma demeure  ? J’espère qu’il est à la hauteur de notre réputation  !
· Moi j’apprécie en tout cas, a déclaré Vlad adossé sur un fauteuil massant.
· J-Jonathan … Ton doigt … a murmuré Tomoe, les joues empourprées.
· Mh  ? Ah ouais, votre chat m’a mordu. Il est sauvage quand même …
· Un chat  ? Quel chat  ? Il n y a aucun félin ici, j’en suis purement allergique, a déclaré le père de Laura.
· D’accord, c’n’est pas logique, ai-je répondu.
· … Mais attendez voir. Qu’est-ce que c’est que …

Frederic écarquilla les yeux et me pris par le col, puis m’entraîna dans son bureau, situé à l’opposé de la pièce. Ce que je peux assurer est qu’il avait l’air paniqué sur le coup.

· Commencez le dîner sans moi  ! Attablez-vous  ! Mais ne restez pas là, bon sang  ! Qu’il criait.

Fermant la porte à clé, l’homme m’assit de force sur une chaise et examina ma plaie. Ses yeux devinrent brillants et des gerbes d’étincelles roses sortirent de mon index. Il y avait encore du sang, qui se mélangeait avec cette sorte de poussière que j’avais vu dans la salle de bain.

Frederic tenta de parler, ou de crier, tout en suffoquant. Je ne savais pas bien ce qui allait en sortir, mais il put finalement murmurer  :

· S-S-Sigillum Temporalis …
· … A vos souhaits  ?
· Sigillum TEMPORALIS! T-E-M-P-O-R-A-L-I-S!!
· Je n’sais pas qui est ce rat lisse mais un bon coup d’amidon et …
· Il suffit  ! … Calmons-nous, calmons-nous. Je ne sais pas par où commencer  !
L’homme déblaya un étage de sa bibliothèque d’un geste ample de la main, et les livres furent rattrapés par télékinésie avant de tomber au sol. Tous furent posés sur le bureau, et trois d’entre eux furent ouverts à des pages différentes les uns des autres. Des écritures et symboles complexes furent alors révélés. Frederic passa sa paume gauche devant eux et ils devinrent brillants, se détachant du livre comme de vulgaires autocollants et tournant autour de lui. Les yeux du père de Laura, déjà brillants de base, devinrent carrément fluorescents. Ca mettait de l’ambiance, mais c’était un peu flippant aussi.

· Mais c’est quoi un Sigitruc Temporalis, à la fin  ? ai-je demandé, perplexe.
· C’est du latin, cher ami. Sceau Temporel, de sa plus exacte traduction.
· Un sceau … Temporel  ?
· Exactement. Cette morsure, jeune homme, est magique. Et on ne peut plus magique … Je ne sais pas quel genre de chat peut bien mordre un être jusqu’à son Animus, mais celui-là a réussi.
· Qu’est-ce que vous racontez …
· Tu n’as pas l’air de te rendre compte.
· Evidemment que non  ! Tout ça est trop rapide pour moi. … Ecoutez, le vieux, hier encore je parlais d’anniversaire avec mon pote. Aujourd’hui, je me fais attaquer par un cyborg venu du futur, je campe dans la maison la plus huppée de Bazzer avec ma famille et j’me fais mordre par un animal magique, dont le propriétaire qui en fait ne l’est pas à cause de son allergie m’annonce que j’ai gagné un rat lisse, et j’n’ai même pas de quoi le froisser. Par conséquent, je déclare que cette journée a été difficile, et vous prierai de ne pas l’empirer outre mesure.
· Je le ferai, pour l’avancée des connaissances, même si je dois te tuer pour ça.
· … Vous n’allez pas un peu trop loin  là  ?
· Certes. Mais je suis déçu que ma fille se soit entichée d’un tel … Simplet. Petit, tu n’as aucune ouverture d’esprit. Tu n’es franchement pas intéressant.
· Que … Eh, retirez ça.
· Dans ce cas, il va falloir que tu écoutes mon cours, et que tu le retiennes. J’ai quelque chose de très important à t’annoncer.
· Du genre  ?
· Du genre … Tu as des pouvoirs. Des pouvoirs surement exceptionnel, que tes frères et sœurs possèdent aussi, même si je ne peux pas le vérifier.
· Nous n’avons aucun mage dans notre famille, selon ma mère. Donc ça m’étonnerait.
· Symphonia  !

Frederic lança de l’index une onde jaune qui vint frapper mon doigt, et celui-ci commença à remuer tout seul.

· Si ma théorie est bien exacte …
· Vous faites danser mon doigt, là  ? ai-je répondu, perplexe.
· Quelque chose comme ça. Reflexe  !

L’homme me jeta un livre en pleine figure, mais celui-ci fut arrêté par un laser rose qui sortit de mon doigt. L’onde magique enveloppa le bouquin et celui-ci fut littéralement stoppé en l’air.

· Qu’est-ce que …
· Félicitations, petit. Tu es un Prince Temporel. Et tu n’as surement aucune idée de ce que ça veut dire.
· Touché. Mais … Vous qui êtes si sérieux, à priori, j’ai l’impression d’être votre sucrerie annuelle alors éclatez-vous, et expliquez-moi, je suis tout ouïe.
· Oh  ! Merci, merci  ! … Je veux dire  : Très bien. Pour commencer, sais-tu comment fonctionne mes pouvoirs  ?
· Ouais, à peu de choses près, votre fille m’a expliqué les bases.
· Avoir des pouvoirs, et surtout tes pouvoirs, signifier manier les molécules subatomiques qui nous entourent. Celles qui te sont accessibles … Sont les plus difficiles à manier. Et surtout, je te prierais de considérer que tu fais partie d’une minuscule poignée d’être capable de cet exploit. Ton élément est l’Adrôme Temporel, et cette morsure est ce qu’on appelle un «  Sceau  ». C’est une bénédiction divine permettant à un mage de manier plus facilement l’adrôme qui lui est destiné, et de s’en accaparer les pouvoirs les plus cachés, mais cela ne s’arrête pas là. Il existe deux types de sceau  : Le sceau du mage … Le sceau commun à n’importe quel mage d’élite … Celui que j’ai, ou que Laura aura … Ou que ton ami Melvin pourrait avoir un jour.
· Et  ?
· Et le sceau divin. Le sceau divin … Nous connaissons son existence par le biais des légendes et des traces laissées par les Dieux sur cette planète, mais cela s’arrête là. Il semblerait que tu sois le premier à en posséder un. Le premier officiel, en tout cas, ce qui fait de toi un Archimage d’office, même si tu n’y connais absolument rien à la magie. Disons le autrement  : Tu as un don. Un don inépuisable et potentiellement destructeur sans apprentissage. Et cet apprentissage, je vais te le donner, dans la mesure de mes moyens.
· Attendez … Et si je n’ai pas envie  ?
· Jonathan … Orion t’a donné sa bénédiction. Je ne suis pas en mesure de savoir ce que cela signifie mais ce serait du gâchis de ne rien tenter, tu ne crois pas  ?
· Je vous crois. Mais qu’aimeriez-vous tenter, exactement  ? En plus j’ai faim.
· Oh, le diner … Allons manger, nous reprendrons la leçon plus tard.

Le repas avait été préparé depuis quelques minutes déjà, et personne ne nous avait attendus, comme l’avait stipulé Frederic. Le moins que l’on pouvait dire, c’était que Vlad s’en donnait à cœur joie. Un tel festin n’avait pas été présenté à lui depuis bien longtemps  : Poulet, Homard, des sauces en veux-tu en voilà, de l’eau gazeuse et plate, des fruits, des légumes de saison en tout genre … et tout cela dans un magnifique assortiment de porcelaine  ! La grande classe aux chandelles, quoi. Il y avait aussi une télé, qui faisait tâche, mais elle était éteinte. Melvin n’était toujours pas à table. Je commençais à m’inquiéter mais je n’en avais pas vraiment le temps. Le sceau temporel était devenu instable depuis que l’homme l’avait trafiqué, et mon doigt tremblait légèrement à cause des nerfs qui avaient été touchés. De plus, de faibles étincelles partaient de la blessure, et ce n’était pas des plus discrets. Je ne me plaignais pas pour la douleur mais avais l’appréhension de ce qui pouvait se produire. D’ailleurs, j’avais bien raison  :

· Quel merveilleux repas  ! A déclaré Vlad, enthousiaste.
· Oui … C’est un régal … A murmuré Tomoe, la frange cachant son visage et les joues empourprées.
· J’ai du mal à tenir la fourchette, ai-je dit en serrant les dents.

La magie a opéré dans l’instant. La Symphonia de Frederic, qui était avant tout un sort permettant de manipuler le corps de son adversaire comme une marionnette au rythme d’une danse frénétique, n’était pas totalement parti, et mon index trouva bon de me faire lâcher la fourchette et de ramper sur la table comme un ver. Non seulement j’avais l’air débile, mais chaque regard que je lançais à Frederic se ponctuait par un détournement et un sifflement de sa part, ce qui m’irrita.

· Tu fais quoi, Zenzen, ça t’amuse  ? A demandé Vlad, étonné.
· Oui, je suis mort de rire, c’est l’éclate totale, imbécile. J’peux plus contrôler mon doigt.
· … Et c’est moi l’imbécile  ?

Mon doigt se «  leva  » en courbant une de ses phalanges et lança un rayon rose sur une fleur, qui devint progressivement plus petite, avant de redevenir un bourgeon. Le doigt se pencha vers la droite et tapa contre la table comme s’il réfléchissait, avant de cracher un autre rayon sur un morceau en métal de la fenêtre, qui devint rouille. Alors une sorte de toile d’araignée blanche se tissa progressivement sur ma main.

· Le sort s’amplifie  ! Comment est-ce possible  !? A crié Frederic.

Mon index donna un coup au majeur, qui se réveilla. Celui-ci se courba comme s’il était ensuqué et les deux se levèrent, portant ma main comme si de rien n’était et marchant de tous le long de mon bras autour de la table. Alors le majeur tapa le quatrième doigt, là … Celui qui sert à rien, de la même façon, et ce dernier frappa le petit doigt. Le choc se répercuta sur le pouce, qui remua comme un grand. Ma main changea de jambe, utilisant le majeur et l’annulaire, et le petit doigt et l’index devinrent des bras. Jusque-là, j’avais l’air de faire le pitre, mais la toile blanche a augmenté sur mon poignet, et Frederic a utilisé un de ses sorts pour trancher ma main. Entre guillemets. Elle avait été séparée de mon corps, et mon poignet ressemblait à un moignon plat fait d’énergie rose. Je peux vous dire que j’ai badé.

Ma main s’est retourné vers moi et a fait un mouvement improbable de phalange de l’index retourné à 180 degrés, pour me lancer une provocation de karatéka, consistant à ramener la main vers soi genre « Allez viens  ». Levant un sourcil, j’ai plongé sur la table pour prendre ma main … Dans ma main … Mais celle-ci a exécuté un magnifique pas en arrière, avant d’escalader un vase et de lever le pouce et le petit doigt genre «  Tadam  !  »

· Papa  ! Qu’as-tu encore fait  !? a crié Laura.
· J’ai fait avancer la magie, ma chérie, voilà tout  !
· Zenzen, je n’sais pas trop c’qui me déroute le plus, mais je suis dérouté.
· Moi aussi, Vlad. Mais ce n’est pas le moment. Chopez-la  !

Tentant de la ramener à moi, j’ai essayé de prendre ma main en pleine main – Et j’vous raconte pas comme il est difficile de narrer ce genre de choses – mais celle-ci a plongé dans le vase et l’a fait tomber, se servant de l’adrôme temporel comme d’un réacteur pour se propulser à travers la pièce. Si elle avait une bouche, elle aurait surement crié «  WAHOU  !!  » mais la Symphonia nous l’avait au moins épargné. Ma main se plaça stratégiquement derrière une poutre et ne bougea plus. Prenant une chaise à une main, je suis monté dessus et ai tenté de la récupérer en sautillant. Malheureusement l’équilibre instable de ma position me fit chuter. Vlad et Tomoe me rattrapèrent difficilement et nous pûmes observer la main glisser sur un tuyau en cuivre et se servir d’une sculpture comme d’une rampe de lancement, avant de battre du pouce et du petit doigt pour voler à l’horizontale et se maintenir à une altitude non négligeable. Tomoe, qui observait le mouvement de doigts, essayait de refaire pareil, mais sans succès.

· P’tain … On dirait un goéland asthmatique. Je suis ému, a murmuré Vlad.
·   … Je te l’accorde, a ajouté Laura.
· Non sérieusement, vous m’aidez  ? Ai-je demandé, irrité.

Frederic, bien plus grand que moi, sautillait pour atteindre la main et, au bout d’une minute, réussit à l’enfermer dans un grand bocal. La main frappait contre les parois de verre et crachait de faibles lasers qui rebondissaient et la blessait. Je ressentais la douleur de la brûlure et esquissa une légère grimace.

· Jonathan, il faut synchroniser la Symphonia et remettre ta main en place. Je crois que le sceau ne peut plus attendre.
· Et Melvin qui a raté ça … D’ailleurs il est où  ? Ai-je demandé, suivant le père de Laura.
· …Il s’entraîne dehors, je l’ai aperçu … A murmuré Tomoe, en se détournant.
· J’irai le voir après.

J’ai suivi Frederic dans le bureau. Vlad nous accompagna, curieux de voir ce qui allait se produire, et nous nous assîmes autour du bureau. Ma main faisait un chahut monstre, mais elle allait bientôt retrouver sa place d’origine. J’ai pris la parole  :

· Nous disions donc … Que voulez-vous tenter, au juste  ?
· Attendez, attendez … Pourrais-je avoir un topo  ? A demandé Vlad en observant mon poignet.
· Pour faire court il semblerait que je manie l’adrôme temporel, ce qui fait de moi le mage de la famille, et Monsieur Jones veut m’apprendre …
· A l’utiliser. Je me contrefiche de ce que tu en feras … Mais il est dangereux que tu ne puisses pas le contrôler, a ajouté l’homme.
· L’adrôme temporel … Mais, et moi alors  ? Et Tomoe  ?
· Je ne sais pas. Ça m’étonnerait. Seule une exceptionnelle minorité en est capable, de plus votre frère a été mordue par une créature temporelle. Bon. Pour commencer, nous allons définir ensemble ce que je pense que tu es capable de faire … C’est-à-dire à la fois énormément de choses, et rien du tout.
· Ah ouais, ça au moins c’est clair, ai-je ajouté.
· Tu as, certes, été mordu il y a peu, mais selon ma fille, cela fait longtemps que tu montres des signes évident de surplus de Mana.
· Mana  ?
· C’est du jargon de mage … Mh euh … C’est, disons, le mot clé regroupant toute énergie magique. Le mot Mana se décline – Notamment par le terme magique d’Adrôme – mais ici il n y a nul besoin. Définis Mana comme un synonyme «  d’énergie magique liée à l’adrôme que tu maîtrises  ».
· C’est noté. Des surplus de Mana donc. De quel type  ?
· Eh bien … Jusqu’ici ce ne furent que des auras dégagées dans certaines situations, mais il est probable que tu aies pu lancer un sort, instinctivement, une fois. Je me trompe  ?
· Non, vous avez vu juste. – J’ai repensé à ce matin –. Mais c’était tellement instinctif que je ne m’en souviens pas. Je sais simplement que je l’ai fait, c’est tout.
· Tu as prononcé un mot particulier  ? Une formule  ?
· Si je l’ai fait, c’a dû être débile.
· Non, absolument pas  ! Petit … Les mots sont puissants, quoi que l’on en dise. Tu poursuis des études littéraires, tu devrais le savoir.
· On n’apprend pas la magie dans ce lycée … Mais, oui, je veux bien l’admettre. J’ai eu vent que certains grands mages inventaient leurs propres formules pour générer de nouveaux types de sorts, mais qu’il fallait une maîtrise extrêmement grande de plusieurs branches élémentaires de magie.
· Bon. Tu as surement du faire pareil. S’il te plait, fais un effort … Il en va de la suite de notre cours.
· Vous pourriez remettre ma main en place, d’abord  ? S’il vous plait.
· Oui, evidemment.

Sortant la main du bocal, Frederic fit apparaître au bout de son index une ficelle, qu’il transforma en lasso, et qui partait du dessous de son ongle. L’homme plaça ma main sur mon poignet et l’entoura, puis fit plusieurs tours pour la nouer à mon bras. Le rose disparut peu à peu et ma main fut alors de nouveau en place, gigotant de façon effrénée.

· Symphonia  !
· … Ca y’est, j’ai repris le contrôle. Merci. Mais impossible de me souvenir pour autant …
· Quel genre de sort tu as lancé  ? M’a demandé Vlad, souriant, pour m’encourager.
· Mh …

J’ai tenté de me souvenir du combat dans ses moindres détails. J’étais mal en point – Je le suis toujours – et voyait trouble. Les autres se battaient pour moi, et Puis Ralph les a lourdement dégagés, je crois, et a foncé sur moi … A moins qu’il m’ait lancé un projectile  ... Oui  ! Un missile  ! Alors j’ai crié  :
· Ijigen The Time  !

Mon index a gesticulé et un laser en forme de cône sortit et frappa le mur. Ralph a écarquillé les yeux. Notamment car, dans ce cône, la lumière ainsi que les deux insectes présents bougeaient au ralenti. Et ils l’étaient tellement qu’ils semblaient comme figés dans l’espace. Frederic s’est levé d’un seul coup et, fasciné, a observé.

· … C’était quelque chose comme ça, ai-je déclaré en pointant le cône de l’index de la main droite.
· … Petit, un grand avenir dans la magie t’attend, si tu me laisses t’apprendre les bases.
· Je suppose que l’on commence demain matin, première heure  ? Cela dit, je suis partant, ai-je répondu.
· Non, nous allons commencer maintenant. Il y a quelque chose que l’on doit régler. Ça te dit un tatouage  ?
· Un … Pardon  ? Ai-je répondu, étonné.
· Il a dit un tatouage, a murmuré Vlad.
· Je sais, gros malin. Mais pourquoi faire  ?
· Ce n’est pas un simple tatouage que je vais te faire  : J’ai parlé de «  sceau  » tout à l’heure, mais en vérité ce mot à deux significations  : Le «  sceau  » apposé par le mage ou la divinité correspondante à ton affiliation magique, et le sceau, du verbe «  sceller  » à son sens le plus littéral, apposé par ton maître, destiné à catalyser la puissance magique que tu exhales pour la rediriger vers l’endroit de ton corps qui dégage le plus de puissance. Chanceux que tu es … Cet endroit se trouve être … – Il passa son index de ma morsure à la paume de ma main – Ici  ! Et en tant que maître des magies d’altérations et de destruction, laisse-moi te dire que le cône que tu as fait avec ton doigt va être énormément amplifié s’il part de la paume de ta main. Ce cône, et tout ce que tu seras susceptible de lancer … Mais d’aussi loin que je me souvienne, la magie divine Temporelle n’est pas vraiment une magie offensive. Cela dit, tu es maître de tes capacités, et je t’apprendrai simplement les bases.
· Pourquoi donc  ? Ai-je demandé, curieux.
· Tu le sais … Je ne suis pas un maître temporel, mais plutôt un maître spirituel. Je suis psychomancien, et je possède quelques arcanes de pyromancie … Mais le temps ce n’est pas mon truc  : Mais ne t’en fais pas  ! Je sais qui saura t’aider. Mais pour l’instant, tu vas bénéficier des connaissances que je vais t’apprendre. Pour l’heure nous allons peindre ton sceau grâce à cette encre magique de ma composition.

Laura est entrée à ce moment précis, et nous a observés en silence, prenant note de ce que son père faisait. Même si elle avait tendance à mal lui parler, j’avais le sentiment qu’elle le respectait énormément pour ses connaissances … Et à vrai dire, moi aussi.

J’ai tendu ma main. Tomoe nous a rejoints, puis Melvin, qui était en sueur mais heureux. Ce dernier se demandait ce qu’il se passait, mais Frederic a ajouté  :

· Pour la suite, je désire être seul avec lui. Laura, tu peux rester si tu veux. Considère ça comme une nouvelle phase de ton apprentissage, ma chérie.
· D’accord, j’observe, a-t-elle rajouté.

Les autres sont partis lentement. Vlad commençait déjà à tout leur expliquer, et Melvin criait tellement il trouvait ça «  Trop ouuuuuuf, oh my god  » et l’homme peint un trait grossier qui devint plus fin, et qui s’allongea sur mon doigt. Puis un deuxième trait. La morsure semblait pleurer. Les deux traits grossiers se rejoignirent de façon à ne faire qu’un, et l’ultime trait passa derrière mon pouce et sur une partie de mon poignet, avant de former un tourbillon sur ma main. Autour du tourbillon furent inscrites cinq runes de langues Askaäriennes – C’est-à-dire d’Innocent de l’Est d’il y a deux mille ans – voulant dire  : Air, Feu, Eau, Terre, Ether.

· Un sceau des cinq éléments convergeant  ? Papa … N’est-ce pas trop  ?
· Tu n’imagines pas. Je ne suis même pas certain qu’il tienne. Mais je n’ai pas fini.

Frederic plaqua ma main, retournée, contre le bureau, et inscrivit une dernière rune au milieu du tourbillon. «  Temps  ».

· Tu saurais m’expliquer la cause de ta morsure, en détail, s’il te plait  ?
· C’était peu avant que Laura vienne me parler à travers la porte de la salle de bain … J’ai laissé un chat blanc et indigo entrer, car il griffait contre la fenêtre. Je pensais que c’était le vôtre. Il était blessé, mais je ne l’avais pas remarqué de suite, juste senti.
· Senti  ?
· Oui … Comme si sa souffrance m’avait atteint. Les causes de cette dernière me sont inconnues. J’ai voulu le faire sortir de la salle de bain mais il a hérissé ses poils contre moi et m’a mordu. Surpris, je l’ai envoyé valser contre un meuble et il a craché du sang, qui s’est transformé en poussière rose et qui a disparu. Le temps que je me retourne pour parler à Laura, le chat n’était plus présent dans la pièce.
· Ca alors … Sais-tu que le chat … Enfin tout félin, mais surtout le chat, est le symbole animal d’Orion, et sa représentation spirituelle d’apparition devant les humains, selon les légendes  ?
· Je crois que je le savais. Mais de là à dire que c’était Orion.
· Tu n’es pas sans savoir que les dieux existent. Ils sont partout autour de nous, et cette planète, notre naissance, nos pouvoirs, est leur bénédiction. Ils ne peuvent pas descendre en Aether, physiquement parlant … Pour des raisons me dépassant … Mais leur esprit vaque librement, ne serait-ce que par la force passive de leurs pouvoirs, influant notre quotidien. En effet, qui pourrait vivre sans le Temps, la pensée ou dans un autre registre l’eau  ? Le sceau est terminé.

Je regardais ma main, mon index et mon poignet  : Ce sceau était beau. Au départ grossier, il partait sur de fins traits noirs d’encre et les runes se mariaient à merveille avec le tout. Lorsque je tentais de concentrer ma nouvelle force magique, ma morsure, qui allait surement cicatriser, devenait rose, et le sceau lui-même prenait cette teinte, penchant aussi vers l’indigo. Un fin bruit sortait du sceau  : C’était l’adrôme concentré qui se malaxait.

· C’est exceptionnel, ai-je murmuré.
· Si j’en crois les dires de Laura, tu aurais été attaqué par une créature venue du futur, et tu l’aurais naturellement renvoyé dans son temps.
· Oui, c’est ce que j’ai vu, mais il n’était pas seul. Jonathan … Qui étaient ces deux spectres  ?
· Les spectres …
· Ceux avec qui tu as réalisé ce coup de maître.
· Je … Je ne sais pas. Ils sont apparus dans mon rêve, un jour … Et depuis, ils me hantent. Non, pardon. Une créature me hante, mais eux, ils m’en débarrassent … C’est très étrange. C’est comme des anges gardiens ou des … Ou des consciences.
· Nous en parlerons demain, a conclu Frederic, et ne te couche pas trop tard, une dure journée t’attends.

Nous sommes partis. Laura marchait timidement à côté de moi, tandis que j’observais avec attention le Sceau Temporel. Ceci signifiait que, comme mes amis, je pouvais moduler l’adrôme … Je pouvais donc plier les lois de la nature et les soumettre à ma volonté. Cela dit, Le Temps était peut-être vraiment trop complexe pour moi. Melvin me rattrapa dans le couloir et, comme à son habitude, était bruyant  ; Mais pouvais-je le lui reprocher  ? Il était fasciné par le tatouage, et tordait ma main dans tous les sens. Pour mouiller son pantalon d’admiration, j’ai concentré la Mana au centre de ma paume pour faire progressivement briller le tourbillon. Je ne trouvais pas ça difficile mais ça m’amusait. Et puis pour lire dans le noir ça devait être pratique aussi.

Nous avons rejoint nos chambres respectives. Vlad dormait dans le grenier, parce qu’il le valait bien, et Tomoe alla avec Laura. Melvin et moi dormions ensemble. Allongé chacun dans un lit, nous discutions de cette journée absolument étrange. Les bras croisés derrière la tête, il me dit alors  :

· C’est vraiment ouf c’qui t’arrives, man. T’es genre comme si t’avais gagné au grand loto de la vie.
· Ouais. Si on veut.
· Tu sais, mec, tu devrais être un peu plus ouvert. If you know what I mean.
· Je know ce que tu meaning. Mais ce n’est pas ce que tu crois. – J’ai soupiré – Je suis bien, c’est tout ce qui compte.
· Ouais, c’est vrai. T’es un mec bien, Gozen. Si tu souriais un peu plus, les gens le verraient.
· Tu as surement raison. Tu t’entraînais pour quoi, au juste, tout à l’heure  ?
· Oh  !! J’t’ai pas dit man  !?
· Bah … Non.
· Do you know … Les plaines de l’envol  ?
· Absolument pas, où est-ce  ? Ai-je demandé, curieux.
· Les plaines de l’envol … C’est mon rêve, dude. Les plaines de l’envol … Sont une ribambelle de rochers pointus qui forment des tremplins géants … Traverser les nuages de cette façon c’est le rêve de chaque Wind Surfer … Et mec, tu n’es pas sans savoir que je suis le capitaine du club de Parkour de Bazzer … Eh bien figure toi que l’administration nous a donné de l’argent pour aller faire un championnat de Wind Surf  !!! Some MONEY Baby  !! Les plaines de l’envooool  ! The Stairway to Heaven  !!
· Waw … Si je suis un type bien … Toi t’es un type épatant.
· Bah, don’t say that, fool. C’est pas moi le ~Prince Temporel~ here  !
· Tss, tu parles. Je suis autant prince que Vlad est viril.
· T’es un manant quoi.
· J’aime quand tu rebondis sur mes comparaisons. Bon … Je suis exténué, moi. Bonne nuit, vieux.
· Bonne nuit Zenzen.
· …
· …
· … Hehehe. C’est trop stylé.
· … Man, si t’éteins pas ta main de suite, j’te la coupe.
· Si on peut même plus avoir une veilleuse.
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10.03.14 13:53
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Chapitre toujours aussi intéressant à lire j'adore trop Melvin il n'en loupe pas une c'est la petite touche d'humour bien dosée de l'histoire :D J'ai trop hâte de lire la suite (oui je sais je lis super vite ^^") mais franchement j'adore trop ta fanfic elle est génial :D
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10.03.14 14:25
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Merci pour tes encouragements ! :D


Je met la suite !


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Chapitre 4  : Adieu Bazzer  !


Il était dix heures du matin lorsque Frederic nous a convoqués dans le jardin extérieur du manoir. Dans une tenue un peu plus chaude qu’hier, l’homme nous attendait, le visage froid. Et en parlant de froideur, les premières neiges de l’hiver 2053 commençaient à tomber. Une fine pellicule blanche recouvrit peu à peu la pelouse, et nous avions tous mis des habits chauds. Tomoe, en robe mais vêtue d’un blouson rose et beige, nous observait, assise sur un des bancs en pierre. Elle et Laura semblaient s’être assez bien entendues, et c’était une bonne chose. Vlad observait par la fenêtre de notre chambre et Melvin et moi étions descendus. Laura était aux côtés de ma petite sœur. Melvin portait des habits similaires à ceux d’hier, mais à manches longues. Moi, je conservais toujours l’uniforme du lycée, parce qu’il tenait chaud et que c’était mon habit le plus confortable. Le bob de Melvin, qui cachait la plupart de ses dreadlocks, semblait légèrement plus enfoncé qu’à l’ordinaire sur le crâne de son porteur. L’ushanka de Laura restait le chapeau le plus confortable, d’apparence, qu’il m’avait été donné de voir.

Je grelottais un peu, en regardant la neige tomber. Souriant, je descendis mon regard sur Frederic, qui me communiqua sa bonne humeur. L’homme leva son bras gauche et sa manche en soie tomba doucement, dévoilant un bras entièrement tatoué de runes. Des flammes crépitaient au bout de ses doigts.

· Bien. Je vais t’apprendre ce que je sais, comme convenu. En vérité il n y a pas grand-chose à dire … Ce sera avant tout de la pratique, et par conséquent un travail personnel. Moi, je vais te donner les indications de base et lorsque tu comprendras de quoi il retourne, je te dirigerai vers une personne plus expérimentée encore.
· Je suis prêt.
· Bien. L’adrôme temporel est un adrôme «  Tertiaire  », c’est-à-dire de niveau trois, tout comme l’adrôme Spirituel. Le niveau, malgré ce que l’on croit, n’indique en rien la difficulté d’apprentissage, mais plutôt le degré de pureté d’un flux de Mana. Les adrômes Primaires  : Ether – Bien qu’il n’y en ait plus en Aether – ou Animus sont les adrômes Purs. Leurs déclinaisons offrent alors des adrômes Elémentaires «  secondaires  » – Eau, feu, air, Terre – qui se déclinent eux-mêmes en «  Biomes  » – C’est-à-dire des fusions d’adrômes réceptives les unes des autres  : Boue, Lave, Foudre et d’autres. –. … Et dans une branche parallèle l’on trouve les adrômes tertiaires  : Temps, Dimension, Esprit. Ces adrômes ne sont en rien élémentaires, mais s’accordent avec ces derniers et peuvent absorber de leurs pouvoirs pour évoluer, mais ceci n’a jamais été scientifiquement prouvé. C’est simplement inscrit dans leur code subatomique, du plus loin que l’on ait pu vérifier.
· Je vois. Enfin je le savais déjà puisque nous l’avons étudié en cours.
· La suite s’apprend en école supérieure de sciences ou bien école de magie avancée, alors écoute bien.
· Allez-y.
· Un adrôme Temporel est une molécule maniant et modelant les lois de la quantique de Temporalité. La Loi de Temporalité est le nom donné aux travaux sur la recherche temporelle menée il y a cent ans par l’institut de NY978 – A l’époque NY734 – et qui décrit avec précision que la magie temporelle, si elle peut exister au même titre que n’importe quelle autre magie, part de la même base de modulation «  Adromique  ». Il faut alors admettre qu’Aether est composée à cent pour cent d’adrôme neutre Animus … C’est un adrôme … On va dire blanc. Les autres adrômes sont comme des pots de peinture à jeter. Et comme chaque peinture, mélanger les couleurs en donne d’autres  : La magie Adromique part alors de la base Animus, puis décline sur l’adrôme visé, et s’étire à son maximum. Les effets qui s’en suivent résultent de l’adrôme en question, ou de leur contact avec d’autres adrômes. L’adrôme Temporel, comme les autres adrômes Tertiaires, ne peut réagir qu’avec ses pairs. C’est-à-dire Dimension et Spirituel.
· Jusque-là c’est plus ou moins clair …
· Les adrômes tertiaires ne se mélangent pas avec les adrômes primaires et secondaires. En revanche, un contact d’Adrôme spirituel et d’adrôme Temporel peut faire croire à la personne affectée que le vent est figé dans le temps et l’espace. Si Melvin déclenche une tornade mais qu’elle entre dans ton cône d’action … Les gens présents verront l’adrôme Spirituel contenu en eux altéré, et verront la tornade Immobile. En vérité elle ne le sera pas.
· Donc mon pouvoir n’existe pas  ?
· Pas exactement … Lorsque tu figes quelque chose, ou que tu l’accélères, tu fais entrer en contact tous les adrômes tertiaires entourant la cible de ton sort  : Ce n’est pas la cible qui sera touchée, en vérité, mais bel et bien le monde autour d’elle. Ton cône d’action est un diffuseur d’adrôme Temporel, qui maintient dans une temporalité neutre ce qu’il touche, mais qui densifie le reste. C’est pour ça que personne n’a pu maîtriser ce pouvoir avant, car il diffère totalement des autres. Lorsque tu utilises un sort Temporel, tu dois trouver le moyen d’exclure ce que tu souhaites, en piochant l’adrôme à l’intérieur de ton cône, pour le placer à l’intérieur du corps ciblé. Lorsque tu modifies un adrôme temporel – Car la magie n’est qu’une question de changement de masse subatomique, dans le cas présent – Tu laisses de la place, ou alors tu prends de la place aux adrômes présents et réagissant.
· En d’autres termes, lancer un sort temporel influe sur la masse d’un adrôme dimensionnel et spirituel. Donc lorsque je fige quelque chose dans le temps, en vérité j’alourdis la dimension – Non pas la planète mais bel et bien la dimension – et altère l’adrôme spirituel présent pour que les gens ne ressentent pas le changement dimensionnel physiquement parlant … Mais qu’ils aient la capacité de comprendre que la temporalité d’une zone est devenue plus ou moins dense …
· C’est une façon de voir les choses. Maintenant, il y a un autre type de manipulation temporelle.
· Genre remonter le temps  ? A demandé Melvin, qui carburait pour tenter de comprendre la discussion.
· Oui, mais je ne pourrai pas te l’expliquer, désolé. Et pour finir … La troisième manipulation temporelle …
· Encore une  ? Ai-je demandé, étonné.
· Ijigen The Time te permet, comme expliqué  plus tôt, de créer un dôme ou un cône excluant toute temporalité pour altérer les adrômes spirituels autour de toi. En ce qui concerne l’adrôme dimensionnel pur, il me semble possible de pouvoir cibler un corps, et uniquement un corps, et le soumettre à une si dense manipulation dimensionnelle qu’il sera trop lourd pour bouger, ou alors extrêmement léger … C’est un procédé de manipulation dimensionnelle indirecte qui te permettrait non pas de moduler l’adrôme temporel mais bel et bien l’adrôme dimensionnel pour littéralement bloquer un corps dans le temps.
· Donc si je résume … Cône/Dôme neutre et le monde entier alourdi, ou alors Un seul corps touché mais totalement bloqué. Ça semble bien plus difficile.
· J’en conçois.
· Papa, ta première théorie, pour le cône d’action, a été démontrée. Souviens-toi, Gozen, au moment du renvoi de Ralph dans son temps … Ma forte influence sur l’adrôme spirituel m’a permis d’observer la scène, et nous avons vu tous les deux qu’une fois le sort terminé, il était déjà la fin de journée … Et personne, à part nous, ne s’en est rendu compte.
· Effectivement, ai-je murmuré … C’est tout pour les explications  ?
· C’est tout, ponctua le père de Laura en levant le pouce. Maintenant, passons à la phase pratique. Celle-ci consistera, premièrement, à maîtriser le flux de Mana qui s’echappe de ton corps, en le faisant passer dans ton sceau. Ton sceau Temporel est comme une veine magique d’où s’écoule ta Mana … Mais je pense que tu sais naturellement faire ça, je t’ai vu faire mumuse à l’avion à réaction hier soir …
· C’était pas moi, ok  ? Ma main ne m’obéissait plus. Cela dit, je sais effectivement le faire …
· Dans ce cas, ça nous évitera le plus gros du travail … Sache que j’ai personnellement mis deux ans à moduler ma Mana dans son intégralité, et Laura n’y arrive pas encore si bien que ça.
· Eh, dites, dites, moi aussi j’ai une question, les mecs, a déclaré Melvin en levant la main.
· Qu’y a-t-il, jeune homme  ? A demandé Frederic.
· Gozen, Laura, Laura, Gozen, et tout ça … Mais et moi, je suis pas genre un magicien aussi  ? J’veux dire que je sais faire ça, et tout  !

Melvin concentra une bourrasque dans la paume de sa main et créa une boule d’air compacte, qu’il envoya contre un rocher. Celui-ci se fissura. Je connaissais la grande force de mon ami, mais j’en étais toujours étonné.

· Melvin … Tu es un originaire d’AeliaForma, je me trompe  ?
· C’est ça, oui … Mon père est né en AeliaForma, et est parti avec ma mère, une Innocentienne Sud, s’installer à Bazzer.
· Il existe, jeune homme, deux types de magiciens … Les êtres étherées, nés dans la magie ou par magie, dont leur corps est constitué principalement de magie pure … Et les érudits. Laura, Jonathan et moi-même sommes des érudits … Pour exploiter notre branche de magie, nous devons utiliser des sceaux et autres incantations pour moduler l’adrôme. Toi, tu es un être éthéré … Comme tous les AeliaFormins … Ou encore comme les Pyrexians, qui sont des maîtres de la magie solaire. De par ta naissance, tu maîtrises naturellement le vent. Tu es le vent, comme les gens de ton peuple. En d’autres termes tu es Tant humain qu’une créature magique «  Ethérée  » – Faite d’énergie pure – Alors que nous … Ne sommes que de simples humains, avec plus de capacités magiques que la moyenne. Comprends-tu  ?
· Je n’avais jamais vu les choses dans c’sens … J’peux même pas placer un lyric tellement j’trouve ça ouf. Mais j’vais en toucher deux mots à mon père quand même. Pour la peine, j’vais me tailler maintenant et vous rejoindre genre ce soir, I don’t know.

Melvin sauta en l’air et commença à glisser sur le vent, tentant de changer de direction. Il était à lui seul le moyen de transport le plus rapide que je connaissais … Mais avant qu’il glisse sur la colline, Frederic l’arrêta.

· Stop  ! Pas un geste … Nous avons encore besoin de tes talents, si tu le permets …
· What, what, what  ? C’est quoi ce binz, encore  ? A craché Melvin, qui détestait encore plus que le lycée les gens qui l’empêchaient «  d’exprimer son art, baby  ».
· Je voudrais que tu te battes contre Jonathan.

Il y eut un grand silence.

· Excusez-moi  ? Ai-je demandé, fronçant les sourcils.
· Papa … Je ne comprends pas, a murmuré Laura.
· Pour aller à l’endroit où tu trouveras les réponses que tu cherches, tu auras besoin de maîtriser deux types de sorts … Un sort offensif et un défensif. Pour ce faire, Melvin va t’entraîner jusqu’à ce que ton instinct révèle un sort de nature offensive. Ça ne devrait pas être compliqué, car tu as clairement un grand potentiel. Cela dit, ce n’est pas avec Ijigen the Time que tu pourras te défendre.
· Que voulez-vous dire  ? Ai-je répondu.
· Je vais t’envoyer en courte formation à l’Academie de Rozenfield.
· P-Papa  !? L’école de magie supérieure où tu étais, plus jeune  ? Mais c’est insensé  ! Il va se faire … Dévorer par les autres élèves  !
· Justement. Jonathan n’aura pas besoin d’y aller indéfiniment. Seulement le temps de trouver le Professeur Goldberg … Le grand spécialiste de la recherche temporelle. Mais le chemin sera long et difficile, en raison du nombre de monstres qu’il risquera de rencontrer, sans parler des élèves …
· Vous savez je n’aime pas trop la partie qui consiste à tenter de ne pas me faire dévorer. Et puis je n’ai pas envie de me battre, désolé. Je n’ai aucun réflexe, aucune capacité … Et ça risque de finir mal d’ailleurs. Merci de m’avoir aidé, mais ça s’arrête là.
· Zenzen, Zenzen. Mon pote. Ecoute … Ca n’m’enchante pas de me battre contre toi. Mais je sens que ce mec n’va pas nous lâcher tant qu’il n’aura pas eu c’qu’il veut, a déclaré Melvin.
· Tu préconises donc … Qu’on se batte  ? Ai-je répondu.
· … En garde, homie.

Melvin mit une main dans sa poche et plaça son bras droit en avant, la main repliée dans sa direction et le regard assuré. Tomoe a relevé la tête, inquiète et Vlad, du haut de son perchoir, a crié «  Woooooh  !  » en levant le poing. J’ai froncé les sourcils. Je ne paniquais nullement mais ne savais pas quoi faire. Faisant quelques pas en arrière, j’ai serré les poings. Je ne voulais pas utiliser mon sort contre Melvin, c’aurait été trop difficile … De plus, je ne le maîtrisais pas correctement. Mon ami prit alors la parole  :

· Là où tu vas, ça va être dangereux. Si on n’arrive à rien après ce combat … Je t’escorterai, no problem man  !
· …
· Allez, sois cool  ! C’que t’as fait contre l’aut’ Ralph c’était genre épique  ! Tu peux bien le refaire contre un type comme moi non  ? T’as tenu tête à deux mètres soixante d’acier et de viande  ! Hé  !
· D’accord, je veux bien essayer. Mais comment dois-je m’y prendre, au juste  ?
· Tout est une question de Mana, Jonathan, a déclaré Tomoe, à ma grande surprise.
· Tomoe  ? Ai-je murmuré.
· Ijigen the Time nécessite … Un mélange spécial que tu as créé d’instinct … C’est un cône intangible qui traverse les ennemis sans les blesser … Si tu transformais ce cône en une Mana plus solide  … Tu obtiendrais peut-être …
· Mais oui  !! A crié Frederic. C’est brillant  ! Jonathan  ! Fais ce qu’elle t’a dit  !
· Mais comment  !? Ai-je répondu.
· A l’instinct ! A crié Melvin, avant de foncer sur moi.

Paniquant, je l’ai esquivé. Melvin avait l’habitude de ruer sur les gens comme un taureau … Que ce soit pour leur faire du mal ou leur dire bonjour, et j’avais des années d’entraînement en ce qui concernait ce point précis. Plaçant ma paume dans sa direction, je sentais mon corps trembler. Melvin s’est retourné et m’a souri, avant de lever les bras au ciel et d’invoquer un puissant vent qui s’abattit sur moi. Celui-ci ne me blessa pas mais me poussa par terre. J’ai vu dans le regard de mon adversaire qu’il ne voulait pas me blesser, mais simplement me stimuler.

· Très bien … Je vais donner le maximum s’il le faut. Attention Melvin  !

Cette comédie dura une semaine.

A mesure où les jours avançaient, Melvin et moi nous battions sans relâche, et les autres nous regardaient avec intérêt. Malheureusement, rien de spécial ne se produisait … Je ne maîtrisais pas complètement Ijigen The Time, et impossible de sortir une quelconque technique offensive. Frederic observait patiemment le déroulement des affrontements, et me donnait des conseils pour durcir ma Mana, et ainsi pouvoir lancer un «  Laser d’énergie pure  » comme il le présupposait, mais plus j’essayais, plus j’étais persuadé que cela était tout bonnement impossible. Tomoe m’expliquait chaque soir les différences entre plusieurs magies et, donc, plusieurs sources de Mana, et je m’étonnais toujours un peu plus de voir qu’elle s’y connaissait autant. Laura, quant à elle, cherchait dans son coin le moyen le plus rapide de créer un laser d’énergie, mais les recherches sur la mana temporelle étaient vagues, et rares, à moins de se rendre à ladite académie, dont je n’avais pas encore accès selon mon mentor. Melvin, lui, s’amusait bien, car il profitait de ces affrontements improvisés pour s’entraîner à glisser sur le vent, mais je voyais bien qu’il refusait de complètement se démener, car je n’avais reçu de dommages importants, et surtout il n’utilisait aucun de ses sorts, si ce n’était des lancers de bourrasques tranchants. Vlad s’occupait tous les jours de remonter jusqu’à notre maison, et celle de Melvin, pour nous chercher des affaires et aidait régulièrement les femmes de ménage, en guise de loyer pour rester chez Frederic, à cuisiner ou entretenir les pièces. Selon lui, c’était la moindre des choses.

Quant à moi, j’étais de plus en plus fatigué. Le lycée n’avait pas encore été reconstruit, ce qui nous faisait des vacances, mais je savais grâce aux informations télévisées que le patron d’A.R.K, un dénommé Harano Malvedere, cherchait scrupuleusement l’auteur du désastre, soupçonnant un mage, à cause du fort taux d’adrôme pur brûlé dans la cour et autour du bâtiment. Les autorités n’avaient aucunes informations supplémentaires  ; mais quelques jours plus tard la nouvelle tomba. Alors que nous dinions avec la télévision allumée, le présentateur du journal du soir dit alors  :

· Selon les autorités locales, il semblerait que l’affaire de la destruction du lycée Nondôm, ayant causés de lourds dommages matériels, soit à l’origine d’une magie extrêmement dangereuse et jusqu’ici non identifiée. Cette magie, soupçonnée d’être d’origine temporelle, serait l’œuvre d’un habitant de la cité dont nous ne connaissons encore l’identité. L’explosion provoquée par ce fort taux de Mana accumulé est à l’origine de nombreux blessés, blessés grave, ainsi que de trois morts, ce qui constitue un des pires incidents que Bazzer ait connu ces dernières années, depuis la catastrophe du Port-Boyaux, en deux mille-

Frederic éteignit la télévision et soupira.

· Nous avons un problème.
· Quel Problème  ? A demandé Laura.
· Eh bien … Il n’aura fallu que sept jours à Malvedere pour comprendre la source de la destruction du lycée, et il ne faudra pas plus de temps à son entreprise, A.R.K, pour pister cette source et remonter jusqu’à toi. Jonathan, s’ils ont raison, tu n’es plus un garçon ordinaire, mais un mage fugitif à l’origine de plusieurs morts. Comprends-tu la nécessité de maîtriser parfaitement l’énergie qui s’écoule en toi  ?
· Ce n’est pas moi qui ai causé ces dégâts. C’est Ralph, ai-je répondu.
· Sauf que Ralph n’a jamais été construit … En termes de temporalité, tu as renvoyé dans son présent une créature destructrice du futur. Par conséquent, tu n’as aucune preuve de ce que tu avances, puisque le véritable auteur de cette destruction n’a pas encore vu le jour, m’a expliqué Laura.
· Autrement dit … A commencé Tomoe, gênée …
· Autrement dit tu es coincé, Zenzen, a fini Vlad, mais on ne va pas laisser passer ça.
· J’aurais souhaité que nous ayons plus de temps, mais il semblerait que je doive t’envoyer à l’académie prématurément. De plus, tu seras protégé, là-bas.
· Combien de temps vais-je y rester  ? Ai-je demandé.
· Je n’en sais rien … Une semaine comme trois ans, en admettant que tu y survives. Ces choses ne dépendront que de ta capacité d’adaptation, et de l’enseignement de mon maître. Celui-ci sera véritablement heureux de ta présence … Cela fait un siècle qu’il cherche une personne comme toi, tu sais.
· Je n’aime pas la partie qui dit que je dois survivre. Mais … Il va falloir que je parte, alors. Si tôt … Je ne suis pas prêt.

Le repas continua dans le silence. Je n’avais pas ressenti cette ambiance lourde et pesante depuis bien longtemps. Mâchant tranquillement un morceau de pain, et tournant les yeux vers la grande quantité de nourriture qui nous avait été servi, j’avais à plusieurs reprises croisé le regard de mes camarades qui, même s’ils ne le disaient pas, étaient inquiets pour moi.

· Et … Quand devrai-je partir, au juste  ?
· Dans l’idéal, je voudrais que tu partes demain matin.
· Papa  ! Ce n’est pas raisonnable  ! A crié Laura en se levant.
· De plus … Il va falloir que tu partes seul.
· Seul  ? Ai-je rétorqué.
· Laura est une jeune fille pleine de ressource, et au grand potentiel … Mais tout comme toi, elle ne maîtrise pas à la perfection les sorts qu’elle jette … Même si elle est l’auteur de certains d’entre eux. Mais à la différence d’elle, tu es pressé par le temps.
· C’est ironique  ? Ai-je rétorqué, en me servant du potage.
· … Et les êtres éthérés comme Melvin ne sont pas vraiment les bienvenus … Tu verras rapidement que les élèves de Rozenfield n’aiment ni les génies, ni les marginaux. Cela dit, j’ai un plan B.
· Mh … Il y a bien tous les types de magie, à cette école  ? Et puis quel plan B, d’ailleurs  ? Ai-je demandé.
· Il y a tous les types de magie, ou presque. Tous, sauf la magie temporelle et dimensionnelle, ainsi que la magie d’Ether. Ces branches tertiaires sont bien trop difficiles à contenir, et tout comme toi, il ne doit y avoir qu’une personne en ce monde capable de les maîtriser. Concernant le plan B  : Il est évident que tu ne peux pas maîtriser de magie temporelle offensive, ce qui est vraiment dommage … Alors je vais t’enseigner une magie basique de Pyromancie, et tu devras te contenter de ce sort pour quelques temps. En vérité, tu ne devras t’en servir, au mieux, que pour te défendre de potentiels agresseurs et surtout pour rentrer dans l’académie. A la suite de cela, il disparaîtra naturellement.
· Expliquez-moi un instant comment puis-je maîtriser un arcane de Pyromancie  ? Ai-je murmuré, le sourcil levé.
· Ton sceau des cinq éléments. En activant une des runes tatouées sur tes doigts, tu peux temporairement maîtriser la base d’un des éléments inscrits en toi. Ta rune temporelle est toujours active, car au milieu du sceau … Mais les autres doivent être manuellement allumées. Comme ceci  :

Frederic passa son index sur la rune de feu, présente au-dessus du tourbillon, et celle-ci crépita un instant.

· Je n’ai pas besoin de t’apprendre à t’en servir … Il te suffit simplement de concentrer ta Mana et de la relâcher en partant du milieu du tourbillon pour en sortir.
· Un mouvement inverse au flux temporel, donc  ?
· Voilà, et une colonne de feu devrait sortir de ta paume. Rien de bien puissant … Elle ne servira qu’à prouver à Wall que tu peux entrer dans l’académie, sous ma recommandation.
· Wall  ? Qui est Wall, ai-je demandé.
· Wall est une porte magique dotée d’un œil capable de voir la circulation de ton adrôme  : Il suffit que tu frappes son œil avec deux sorts magiques pour qu’elle se déverrouille. Rien de bien sorcier pour un magicien. Tu pars donc demain  ?
· … J’en suis bien obligé, je ne me sens plus vraiment en sécurité, avec ce que j’entends.

Il y eut un second silence prolongé, puis Frederic posa sa fourchette dans son assiette vide et murmura  :

· … Harano Malvedere … Est un homme dangereux. C’est un jeune loup plein d’ambition dont la multinationale s’étend progressivement sur tout le continent. Il est l’homme le plus riche de la ville, et surtout le plus influent … J’ai entendu des rumeurs comme quoi le Diktat d’Innocent Sud tremblerait à l’idée qu’Harano devienne plus influent encore, et qu’il a tenté de se débarrasser de lui … Mais sans succès. Résister au diktat d’Innocent Sud, c’est résister à la moitié d’un continent armé jusqu’aux dents et dont les espions sont infiltrés un peu partout.
· Heureusement que nous sommes du côté d’Innocent où il n’y a que des cantons, a murmuré Vlad, qui nous écoutait tranquillement.
· Effectivement, a répondu Laura, le gouvernement d’Elegant, ayant annexé nos châtelleries il y a trente ans, a réussi à reprendre au Diktat quarante-cinq pour cent du continent. Depuis, nous ne fonctionnons plus comme une seule unité continentale mais comme un groupe de cantons ayant leurs propres lois. Innocent Nord-Ouest n’est qu’un ensemble d’états disloqués mais résistant au diktat. Je pense que Harano est conscient de cela, bien qu’il ne vienne pas d’ici. Bien que nous ayons nos propres lois, en revanche, nous obéissons à la royauté d’Elegant, ainsi que nos châtelleries de Forma, qui constituent l’ensemble gouvernemental de la pointe Ouest, et donc de Bazzer. Par conséquent, Jonathan, il est probable que si Harano te retrouve, tu ne sois en sécurité ni à Forma, ni en Elegant, ni même ici …
· Innocent Sud est totalement écarté d’Innocent Nord-Ouest, n’est-ce pas  ? Ai-je demandé.
· Oui, là-bas tu ne seras rien de plus qu’un réfugié politique, mais t’approcher de VhalinGraäd n’est pas une bonne idée du tout, a déclaré Laura, inquiète.
· De toute manière, l’Académie, éponyme, se trouve à Rozenfield  : C’est-à-dire au Nord-Est de Bazzer, à deux cent kilomètres d’ici, et à trois-cent kilomètres de la frontière d’Elegant, a ajouté Frederic, et je n’ai aucun moyen de transport à te fournir, tu m’en vois désolé.
· Pas de problème, j’ai un scooter, ai-je répondu, et grâce au Gumbag de Vlad je pourrai transporter toute mon armoire sur mon dos.
· Partir demain, c’pas raisonnable, dude, a lâché Melvin, qui était resté silencieux tout du long.
· Je n’ai pas le choix. Ça ne m’amuse pas, d’être brutalement coupé du monde extérieur. Et surtout sans vous.
· Nous irons faire le plein de carburant, a ajouté Vlad en me souriant.
· L’activation de la rune de feu va aspirer une partie de ton énergie, en offrande. Dans une heure tu devrais dormir comme un bébé, a déclaré Frederic.
· Tss, sérieusement, ai-je murmuré.

Laura s’est levée doucement, et est sortie de table. J’avais pu entrevoir son visage. Il semblait triste. Fronçant doucement les sourcils, j’ai dit à Frederic, après qu’elle soit partie  :

· Laura est réellement talentueuse. Plus que je ne le suis. Si vous êtes son père, elle doit partir avec moi. Notamment car Nondôm est un frein à son talent.
· Je le sais aussi bien que toi, a répondu Frederic, mais c’est impossible. Jonathan, je crois que tu ne peux pas comprendre …
· Quoi donc  ?
· Je n’avais le droit qu’à une recommandation pour Rozenfield. Je la réservais pour ma fille … mais je l’ai grillée pour toi. Réalises-tu combien ce sacrifice était tant difficile que nécessaire  ?
· Qu- … Non, je ne peux pas le croire, ai-je répondu.
· Mec, j’voudrais te dire que Laura est triste de ton départ, mais là … j’crois surtout qu’elle vient de réaliser qu’à cause de toi elle entrera jamais dans ce bahut, a murmuré Melvin, le visage impassible.

Je me suis levé en sursaut, en faisant tomber une assiette, qui se brisa sur le coup.

· Putain, vous abusez, ai-je murmuré à Frederic en sentant la colère monter.

Courant en direction de la chambre de Laura, j’ai lourdement frappé à la porte. Elle ne répondit pas. J’ai tenté de l’ouvrir, mais sans succès. Une voix parvint alors à mes oreilles  :

· Laisse-moi tranquille …
· Laura … Ecoute, ce n’est pas de ma faute. Je n’en veux même pas, de sa recommandation pourrie.

La porte s’ouvrit doucement. Des larmes coulaient sur les joues de Laura.

· Je savais depuis le début que ça finirait comme ça, et j’ai tout fait pour m’y préparer, car je considérais ta protection plus importante que mes études. Mais lorsque j’ai appris que tu partais demain, j’ai réalisé que jamais je ne pourrai concrétiser mon rêve.
· Ton … rêve.
· Mon rêve. Mais toi, tu n’as pas de rêve. Alors que pourrais-tu comprendre  ? Tu ne sais rien de moi, et je n’aurais jamais dû faire le premier pas.
· Laura  ! Attends … j’ai des rêves. Enfin … Je crois que ce sont des rêves, je n’en suis pas sûr. J’aimerais t’expliquer à quel point je me sens mal … Mais les mots ne peuvent sortir de ma bouche. Je n’ai jamais choisi de détruire ton rêve  !
· Je le sais … Mais tu es toujours si froid et si distant … Je pouvais l’accepter, mais ça, c’est la goutte de trop.
· … Tu viens avec moi.
· Non …
· Laura  !!!

Ma main s’illumina, et le surplus de sentiments qui s’écoula du prénom que j’avais crié interagît directement avec le sceau, qui créa un dôme d’adrôme couvrant le couloir. Le temps s’était arrêté autour de nous, je le savais. Mon cœur palpitait, et me faisait mal, de plus, je voyais trouble  :

· J-Jonathan  !! S’écria la jeune fille.
· Demain … Pars avec moi … Nous entrerons ensemble, et je forcerai le directeur à t’accepter. Tu dois étudier à Rozenfield, dussé-je devenir un fugitif aux yeux d’A.R.K et du continent.
· Non  ! Tu n’as pas le droit …
· … Depuis que j’ai été embarqué dans cette galère, j’ai considéré la chose de cette manière  …
· Jonathan …
· J’ai tous les droits.
· …
· En ce qui concerne ton bonheur … Car tu es la première personne à te soucier de ce que je ressens … Je ne laisserai pas ma présence gâcher tes rêves. Je ne peux pas les connaître, mais ils sont surement magnifiques. Aussi magnifiques que toi …
· C-C’est … une … une déclaration …  ? a murmuré la jeune fille, dont les joues, puis les oreilles, rosirent rapidement.
· C’est quelque chose … Comme ça …

Je me suis évanoui.

Est-ce bien possible de rêver, lorsque l’on est dans les pommes  ? Honnêtement, je ne crois pas … Mais pendant cette courte nuit, que je croyais avoir passé sur le plancher, je vis plus de choses qu’en une semaine entière. Me levant dans une brume écarlate, je criai, mais personne ne répondit. L’écho était désagréable.

· Sans déconner, qu’est ce qui m’a pris de dire tout ça à Laura  ? Pensais-je, en marchant dans la brume.
· Disons que … Le surplus de pouvoir a déverrouillé une partie de l’héritage transmis par ton père.
· J’y comprends rien … Attends, qui a dit ça  ? Ai-je répondu.
· Yo  !

Baissant les yeux, j’ai aperçu le chat de la dernière fois. C’était un peu bizarre et difforme, mais la tronche qu’il tirait ressemblait à un sourire. Premier réflexe, et d’aucuns s’accorderont à dire que c’était légitime  :
· S’pèce de con  ! Ai-je crié, en lui mettant un coup de pied au cul pour l’envoyer valser au loin.
· Mrroaïe  ! Eh, c’est pas cool, pas cool du tout  !
· … Une seconde. Rêver de t’en mettre une, c’est fait. – J’ai imité l’écriture d’un V dans la brume – Alors pourquoi j’me réveille pas  ?
· Parce que j’en ai pas envie.

Le chat s’agrippa à mon dos et monta sur mon épaule.

· T’es confortable, pour un humain. Et j’ai vu que tu avais fait bon usage du don que je t’ai transmis. Héhé. Ton père serait fier de toi. La petite blonde est une perle, crois-moi. Mais ce cher Jonathan devait bien le savoir, pour l’avoir placé sur ton chemin.
· Qu’est-ce que tu racontes … Et pourquoi tu parles, d’abord  ?
· Pff. Faut tout t’expliquer à toi. T’es pas une flèche, dis donc. L’hérédité à ses limites.

Irrité, j’ai pris la tête du chat et l’ai enfoncé dans le sol.

· Mppff … Mais  ! C’est comme ça que ta mère t’a élevé  !? On ne traite pas un dieu de cette manière, jeune insolent.
· Je me suis élevé tout seul. Un dieu  ? Le dieu des emmerdeurs, peut-être.
· … Je reconnais bien là le sarcasme de ton père, finalement.

La brume devint colorée. Alors le sol se transforma en ciel, et les nuages s’écartèrent, révélant Bazzer. Tombant comme une comète en direction d’A.R.K, j’ai crié. Le chat, accroché à mon dos, dit alors  :

· Il y a certains endroits en ce monde qui se révèleront cruciaux, pour beaucoup de raisons … par exemple cette usine, et celui qui la dirige.

Les nuages revinrent et se déployèrent une fois de plus, révélant un vieux château au bord d’une falaise  :

· Mon dieu, que c’est cliché, ai-je murmuré.
· Peut-être, mais ce lieu aussi sera important  ! Tu y découvriras des choses dont tu ne soupçonnes même pas l’existence, et surtout … Tes plus précieux alliés te seront révélés.

Même cirque.

· J’adore cet effet de nuage  ! T’assures comme une bête niveau imagination  !
· Lâche-moi  ! C’est mon rêve je fais c’que je veux. Ce sont des montagnes  ? Et ce n’est pas que j’ai peur, mais le sol approche dangereusement.
· T’as qu’à te faire pousser des ailes … ou lui dire bonjour  !

Le chat sauta de mon dos et disparut devant moi. Un écho se fit entendre  :

· Sois plus poli avec tes ainés, la prochaine fois, même si tu n’en es pas réellement capable.

J’ai tenté de me faire pousser des ailes, mais sans succès.

· … Euh … … … Bonjour le sol  ?

Impact fracassant.

Je me suis réveillé en sursaut dans mon lit. Ma main me faisait horriblement mal, mais pas autant que mon crâne. La chute avait été réelle ou quoi  ? Me préparant lentement, je repensais à la soirée d’hier. Laura avait surement mal pris mes propos, et je ne me reconnaissais pas moi-même … Ces déclarations enflammées …

Je suis allé la voir mais elle n’était ni dans sa chambre, ni nulle part ailleurs. J’ai soupiré. Melvin m’a rejoint dans le couloir  :

· Yo, brotha.
· Brotha  ?
· Ouais, c’est comme Brother mais en plus branché.
· J’crois pas non.
· Bref. C’est The Day  ? J’suis avec toi à deux cent pourcents, au moins  ! T’as parlé à ta blonde  ?
· Plus ou moins. Bon écoute, n’en fais pas une affaire d’état mais … Tu vas me manquer.
· … … … … MAIS TOI AUSSI  !!

Melvin s’est jeté sur moi et a pleuré sur mon épaule. Son bob me rentrait dans l’œil.

· Mais … Lâche-moi  ! Finalement tu vas pas me manquer  !

Descendant aux côtés de Melvin, j’avais rangé toutes mes affaires dans le gumbag, et Vlad m’avait assuré que le scooter était plein à craquer d’essence. Mon frère et ma sœur me tendirent quelques billets et je les ai regardé en levant un sourcil.

· A l’académie tu seras nourri, logé et blanchi, mais entre-temps tu devras te débrouiller seul. Tu as assez d’économies, ici, pour refaire un éventuel plein d’essence et manger quelques jours. En vérité tu n’es qu’a cinq heures en scooter de Rozenfield mais sait-on jamais.
· Merci vieux, c’est gentil.

Je n’étais pas doué pour les adieux, mais nous nous étions tous réunis devant la porte. Frederic me serra la main et me dit alors  :

· L’homme que tu cherches se nomme Monsieur Izuma. Tu devrais le trouver facilement. Je te souhaite bon courage … Et surtout tâche de te faire discret, tu ne peux pas vraiment te défendre je te rappelle.
· Je serai prudent. Laura n’est pas là  ?
· Je ne l’ai pas vu depuis hier soir, a déclaré son père, inquiet.
· … Très bien … Vous lui transmettrez mon au revoir, ai-je répondu.

J’ai enfourché mon véhicule et ai traversé les rues de Bazzer à toute vitesse, atteignant rapidement la sortie Est. Je devais suivre Radical Highway jusqu’à l’embranchement de Neolia et traverser les plaines puis passer par la forêt du même nom. Après cela, je devais continuer mon chemin à travers divers villages, puis rejoindre une nationale … Alors je serai arrivé à Rozenfield sans encombres. La route était dangereuse, notamment dans la région de Neolia, au nord de Lotoff, de par la présence de nombreux animaux sauvages, mais je n’avais pas le choix.

Somnolant sur mon scooter, je me trouvais anormalement lourd. Il m’était difficile de rester équilibré sur le véhicule et en regardant dans le rétroviseur, j’ai écarquillé les yeux. Partiellement invisible, Laura était accrochée à moi, la tête posée contre mon dos. Eh bien … Je supposais qu’elle avait voulu transgresser les ordres de son père. Soupirant, j’ai pensé  :

· Sérieusement, t’aurais pu prévenir, j’ai cru que le scooter avait un problème.
· Désolée …
· Ton père va piquer une crise. Et je savais que tu me répondrais par télépathie.
· Il m’a vu partir, et ne m’as pas retenu. Alors tout va bien …
· … Ce mec est encore plus lunatique que Melvin. Je m’en veux de l’avoir laissé seul.
· C’est un grand garçon, il peut se passer de ta présence quelques temps. Pas … comme … moi.
· Ne dis pas de bêtises. En plus c’est effrayant.

Ouais, c’était clair, là, je ne ressentais plus les mêmes choses qu’hier soir … Ou plutôt si, mais ça ne voulait plus sortir. J’étais persuadé que j’allais lui faire du mal, et poussa un soupir plus prolongé encore, tout en accélérant.

Radical Highway était une des quatre routes principales d’Aether  : Celle-ci partait de la pointe Ouest et rejoignait les Montagnes d’Askaär, centre des trois continents de l’hémisphère Nord de la planète, puis se déclinait vers le nord en Elegant Highway, vers le sud en Innocent Highway et vers l’Est en Chemical Highway. Radical Highway était la plus paisible des routes car il n’y avait pas grand monde à la pointe Ouest. Chemical Highway, en revanche, était la plus empruntée, car elle menait directement à la ville-continent NY978, qui abritait près de cinq cent millions d’habitants. Tout simplement inimaginable, compte-tenu de Bazzer qui n’en comptait que cent mille. Chemical Highway, cela dit, était une autoroute à trente-huit voies, ce qui facilitait considérablement le trafic, mais je ne pouvais en savoir plus, n’y étant jamais allé. C’était bien trop loin … A des milliers de kilomètres. Tout ce que je savais était que cette supra-autoroute était nommée «  Neverwinter  » A cause du constant réchauffement qui avait fait fondre la neige de l’est des montagnes.

M’étant bien inséré sur Radical Highway, je pensais être à Rozenfield en milieu d’après-midi. Personne ne m’y attendait outre-mesure, mais j’avais hâte de m’y rendre, curieux de voir ce fameux maître temporel. Le trafic était gérable, même si un camion ou deux passait de temps en temps, manquant de nous envoyer dans le fossé. Ne roulant qu’à soixante-dix kilomètres à l’heure, soit vingt kilomètres de moins que la moyenne des véhicules me côtoyant, je roulais sur la bande d’arrêt d’urgence, pour être sûr de ne gêner personne. Il était difficile de rouler convenablement sur la route, légèrement recouverte d’une fine poudreuse due à la neige qui tombait petit à petit depuis quelques jours. J’avais l’appréhension de glisser mais réussissais à me maintenir. Après tout j’avais réussi à traverser Bazzer lors du grand blizzard d’il y a deux ans, alors je n’avais pas peur d’une plaque de verglas. Le soleil approchait doucement du Zenith et je pensais qu’il n’avait pas neigé à Rozenfield, car c’était au bord de l’océan. Je n’étais jamais allé à la plage, c’était une première. Ce que je savais de Rozenfield tenait sur un bout de feuille  : Une ville médiévale qui n’avait rien à envier des grandes cités telles que Bazzer. On y vivait bien, et beaucoup de magiciens et d’étudiants en mysticisme divers avaient élus domicile là-bas.

Une heure trente plus tard, je tournais sur la droite pour prendre un pont passant au-dessus de Radical Highway et emmenant à Néolia. Les plaines étaient visibles de loin et la route était séparée par de grandes barrières électriques. Ces enclos servaient à maintenir les bêtes sauvages à l’écart. Je regardais souvent Laura du coin de l’œil, grâce au rétroviseur, tant j’avais peur qu’elle ne tienne pas où tombe du véhicule. De plus, elle ne portait pas de casque.

· Ça va  ? Ai-je demandé.
· Oui, ça va.

Rien de plus, rien de moins. Tournant la tête vers la gauche, je voyais de grands bœufs et de belles vaches à lait ruminer et chasser des mouches à coup de queue. Une vieille odeur de bouse remonta dans mes narines et firent couler une larme. C’était une vraie puanteur. Le passage dans les plaines fut bref  : La route, toujours droite, ne prit qu’une demi-heure à être traversée, et il n’y avait aucun trafic. Tournant à gauche pour emprunter un chemin de campagne, suivant scrupuleusement les indications des panneaux se présentant à moi, je freinai le scooter devant une grande étendue verte et orangée. La route continuait dans la grande et profonde forêt de Néolia, qui semblait si dense que le soleil ne passait qu’à quelques endroits. Ce brusque changement de décor me fit me racler la gorge. Laura se cramponna à moi et j’ai réchauffé le moteur. Après être sorti de cette forêt, nous serions à mi-chemin, techniquement.
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11.03.14 14:50
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Super chapitre comme d'habitude toujours aussi agréable à lire :D Vivement la suite franchement cette fic est l'une des plus intéressante que j'ai pu lire :D
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11.03.14 15:19
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