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[Récit] Les Royaumes Pactisés
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Sadrine Leime
Je n’ai jamais demandé à devenir un grand homme, ce sont les historiens et les conteurs qui en avaient besoin et qui ont décidés que j’étais le plus apte à tenir ce rôle.


Assendro Ragine, ancien général de l’armée du premier Royaume, fondateur de la Rébellion.



L’homme s’avança péniblement tandis qu’il trainait son cheval qui ne cessait de renâcler en tirant sur sa bride. Ses bottes s’enfonçaient dans la boue et il éprouvait de plus en plus de peine à les lever, la pluie diluvienne qui n’avait cessé de s’abattre  sur le pays rendait toute visibilité presque impossible et les terres étaient devenues d’immenses marécages où plus personne n’osait s’aventurer de peur de s’embourber et de s’enfoncer. L’homme voulut rabattre sa capuche mais le vent trop violent lui fit renoncer à cette idée. Il se sentait prêt à abandonner, à faire demi-tour quand il vit à travers le déluge, une lumière orange vacillante. Comprenant qu’il avait enfin son étape vers sa destination finale, il se mit à forcer sur ses pas et son cheval fut forcé de le suivre péniblement. Tous deux franchirent les murailles indiquant l’entrée du hameau et prirent la direction de l’auberge, qui était l’un des seuls bâtiments où les lumières perçaient la pluie. Le voyageur installa sa monture à l’écurie et le débarrassa de sa selle et de ses rênes, il prit son sac et sortit à nouveau dehors pour entrer dans l’auberge.

Quand il franchit la porte, les conversations et la musique s’arrêtèrent momentanément pour voir qui venait de rentrer. Comprenant qu’il ne s’agissait que d’un nouveau client, la plupart détournèrent le regard pour reprendre la discussion, d’autres ne reconnaissant pas son visage se demandèrent qui était bien assez courageux ou fou pour défier la tempête dehors. Le tenancier arriva et toisa un instant le nouveau venu pour voir s’il s’agissait d’un bandit ou d’un client, seul ou accompagné ; il lui montra une petite table un peu à l’écart où l’homme alla s’asseoir après un bref hochement de tête. Le tenancier regarda l’eau et les empreintes de boue laissées par le nouveau venu et il fit un geste las vers un garçon derrière lui qui s’empressa d’aller chercher balai et serpillière pour nettoyer l’entrée.

Le voyageur tira la chaise pour s’asseoir et regarda les quelques visages qui l’avaient suivi depuis son entrée, ces derniers se détournèrent rapidement et reprirent leurs activités, la musique résonna à nouveau dans le bâtiment. L’homme se débarrassa de son manteau trempé dévoilant son visage ; il s’agissait d’un grand gaillard bien bâti, la peau légèrement basané, des cheveux noirs coupés très court et un début de barbe encadrait un visage pourtant mince, il avait également des yeux marrons qui semblait jauger le monde avec sévérité, en dehors de sa cape, il portait une tunique vert sombre avec un pantalon noir et des bottes de la même couleur, il avait une unique mitaine de cuir sur la main droite et sur sa ceinture pendait une épée, dissuadant de potentiels voleurs dans l’auberge. Sans prévenir, on posa devant lui un bol fumant de lait chaud. Il leva la tête pour voir une jeune serveuse d’environ vingt ans à coté de lui.

« Je n’ai rien commandé encore. »

- Je sais, mais vous devez avoir froid après avoir marché sous cette pluie, ça vous fera du bien, répondit la femme.
- Sans doute, concéda-t-il en portant le récipient à ses lèvres.

Il but une gorgé de lait et apprécia la chaleur du liquide qui descendait dans son corps, il posa le récipient sur la table mais garda les mains autour pour les réchauffer. Il toisa la serveuse, une belle femme, cheveux bruns et longs, yeux bleus et une peau étonnement mate.

- Tu n’es pas d’ici, je me trompe ? Devina le voyageur en sirotant une nouvelle gorgée.

- Non, en effet, je suis venue ici, à la base, pour rendre visite à mon oncle qui tient cette auberge, j’aurais dû rentrer depuis trois jours mais la pluie m’a retenue ici, alors je m’occupe en l’aidant. La plupart des clients sont des habitants du village tandis que les autres sont des pèlerins ou des marchands coincés comme moi par le temps, même les bandits ont désertés les routes. Je serai tentée de dire que voyager semble plus sûr mais avec ce déluge même le plus petit trajet semble risqué.

- Il doit se passer quelque chose à la capitale, et cette pluie est un effet de ces événements.
- Vous croyez vraiment à ces histoires que racontent les anciens ? Selon laquelle les dieux préviennent ainsi le roi quant il s’éloigne du droit chemin ?
- Rien n’arrive sans conséquence, cette pluie en est une.
- C’est vous qui le dites, est-ce qu’il y a quelque chose à manger qui vous ferait plaisir ?
- Si vous avez une soupe, ce ne sera pas de refus.

La serveuse hocha la tête et partit chercher sa commande tandis que le voyageur finissait sa boisson. Il pencha sa tête pour écouter les accords doux du luth qui résonnait dans le bâtiment, brusquement, il se retourna et son regard croisa celui d’un jeune homme qui se hâta de baisser les yeux. Ce dernier devait le surveiller depuis son entrée au vu de sa façon précipité de détourner le regard. La servante arriva une minute après et déposa devant le voyageur une assiette remplie d’une soupe épaisse avec de la viande et des herbes, il remercia la jeune femme en lui donnant une pièce d’argent et celle-ci lui sourit et s’éloigna. L’homme commença à manger quand il fut interrompu quand quelqu’un s’assit devant lui brutalement ; c’était le garçon qu’il avait aperçu plus tôt.

- Vous en êtes faites partie, pas vrai ? Demanda-t-il à peine sur sa chaise.
- Gamin, je suis désolé, je ne vois pas de quoi tu parles, répondit l’homme en prenant une nouvelle bouchée.
- Vous pouvez pas me mentir, je sais que vous en êtes faites partie, je sais vous reconnaître, est-ce vrai que vous préparez une ré…

Avant qu’il ne put finir sa phrase, son interlocuteur posa brutalement sa cuillère, se leva et agrippa sa tunique, le forçant à se pencher au-dessus de la table et leurs visages se rapprochèrent. Le bruit attira l’attention de nombreux clients qui se demandèrent s’ils devaient intervenir ou rester à l’écart.

- Tu ferais mieux d’être plus prudent dans tes phrases, gamin, fit le voyageur avec une colère non feinte, j’en ai déjà vu être exécuté pour des paroles plus légères.
- C’est donc vrai ? Reprit le jeune homme sans se laisser démonter.
- Et même si c’était le cas, qu’est-ce que ça changerai pour toi ?
- Emmenez-moi avec vous, je veux en être, moi aussi.

A cet instant, le voyageur se figea et força à mettre le garçon de son côté puis le fit s’asseoir brutalement et lui baissa la tête comme s’il voulait le cacher de tout le monde.

- As-tu perdu l’esprit, gamin ? Te rends-tu compte de ce que tu demandes ?
- Je sais ce que je veux, et je ne tiens pas à laisser tomber l’affaire.
- Et pourquoi tu veux ça ? Oh laisse-moi deviner, ton père faisait partie de notre groupe mais il est mort ou a disparu mystérieusement et tu veux le venger et poursuivre son but, c’est ça ? Railla l’homme avec un petit sourire en coin.
- Je suis le petit-fils d’Assendro Ragine.

Le sourire du voyageur retomba et il relâcha son emprise sur le jeune homme qui se releva, il en profita pour le détailler ; il s’agissait d’un garçon de taille moyenne, un peu maigre, avec des cheveux d’un blond très foncés, une peau blanche, mais lorsqu’il vit ses yeux, l’homme comprit qu’il ne mentait pas : son œil gauche était d’une couleur bleu turquoise tandis que le droit était bleu nuit, et tous deux avaient une étrange lueur qui éclairait son regard, et l’ homme ne connaissait que deux personnes au monde possédant de tels yeux. Voilà qui changeait beaucoup de chose, le voyageur réfléchit et prit une décision importante, ses camarades allaient peu apprécier mais s’il leur expliquait la situation, il était convaincu qu’ils comprendraient et surtout, cela pouvait devenir risqué pour le garçon de rester ici.

-Retrouve-moi à l’écurie demain matin, dès que ça commence à s’éclairer, gamin, et ne t’avise pas d’être en retard ou d’ébruiter ce rendez-vous, c’est bien compris ?
- Compris, monsieur, fit le jeune homme avec un grand sourire. Je serai là, vous en faites pas.

Puis, avant que l’homme n’ait pu faire un autre geste, le garçon se libéra et alla à l’autre bout de la salle en faisait quelques signes de main aux autres clients pour leur faire comprendre qu’il n’y avait rien de grave. Le voyageur soupira un instant et finit sa soupe rapidement puis se dirigea vers le comptoir pour parler avec le gérant qui lui demanda :

- Vous avez bien mangé ? Le repas était à votre goût ? Je suis désolé mais en ce moment, on n’a plus grand-chose ; la pluie rend l’approvisionnement difficile.
- Ne vous en faites pas, c’était parfait pour moi mais j’aimerais savoir, le voyageur désigna le jeune homme avec qui il avait parlé plus tôt. Ce garçon, ça fait longtemps qu’il est là ?
- Lui ? Non, ça doit faire quelques jours qu’il est arrivé à l’auberge, je dois avouer que ça m’a surpris quand je l’ai vu arriver ici ; il me semblait jeune et personne ne l’accompagnait. J’ai bien essayé de lui demander où étaient ses parents ou sa famille mais il n’a jamais voulu répondre, après il a toujours payé pour dormir, alors je le laisse tranquille.
- Je vois, en parlant de dormir, avez-vous des chambres de libre ?
- Oui, vous avez de la chance, il y a trois jours je n’avais plus de place mais les villageois ont acceptés d’héberger quelques clients au cas où d’autres personnes comme vous parviennent jusqu’ici malgré le temps. J’ai même une chambre individuelle qui vient de se libérer, vous pensez rester ici jusqu’à ce que le temps se calme un peu ?
- Non, répondit le voyageur en sortant quelques pièces d’argent et de bronze qu’il déposa sur le comptoir. Seulement une nuit.
- Pardon, s’exclama le tenancier. Vous êtes sûr que… Enfin, loin de moi l’idée de vous retenir ici mais vous comptez vraiment partir ?
- Oui, j’ai déjà pris ma décision avant même d’entrer ici, je suis attendu autre part et je ne peux me permettre de prendre plus de retard.
- Bon, si c’est ce que vous avez décidé, tenez, votre monnaie et la clé de votre chambre.

L’homme remercia le gérant et récupéra sa monnaie ainsi que le sésame pour ses quartiers provisoires. Il monta à l’étage et déverrouilla la porte qu’on lui avait indiquée, il entra dans la salle et voulut déposer ses affaires lorsque la jeune serveuse arriva et déposa des braises dans une cheminé situé dans la chambre et après avoir mis des bûches ; un léger feu ronfla dans l’âtre. Notre personnage adressa un signe de gratitude à la jeune femme en lui remettant une nouvelle pièce et celle-ci sortit en inclinant la tête.

Avec ce feu, le voyageur put ainsi mieux cerner sa chambre, elle disposait d’un certain confort avec un lit, une table et deux chaises, un baquet rempli d’eau et deux grand vases à coté, ainsi qu’un tabouret situé juste en face de la cheminé, la présence de cette dernière montrait que l’aubergiste lui avait cédé l’une des chambres les plus confortables de l’endroit. L’homme ne put retenir un sourire en songeant que s’il avait dissimulé le fait qu’il repartait le lendemain, il ne serait pas dans cette chambre. Il défit sa cape et la posa sur une chaise qu’il approcha du feu pour la sécher puis s’assit sur le tabouret et sortit un petit carnet de sa poche ainsi qu’un crayon sur lequel il entreprit de noter le nom du village dans lequel il s’était arrêté, juste en dessous de d’autres noms de lieux qu’il avait dû traverser avant d’arriver. Il hésita à écrire quelques mots sur le garçon avec qui il avait parlé puis il se rappela qu’il ne savait même pas son nom et qu’il serait beaucoup trop dangereux d’évoquer simplement son existence ; trop nombreuses étaient les personnes qui recherchaient encore Assendro Ragine alors même qu’il avait disparu et certaines seraient trop heureuses de se rabattre sur son petit-fils, si toutefois il n’avait pas menti et avait un réel lien de parenté avec lui.

Le voyageur se demanda combien de personnes étaient au courant de ce prétendu lien. Au vu de la façon dont se comportait l’enfant, il espérait seulement qu’il n’avait pas commis l’erreur de le répéter à tout va chaque fois qu’il pensait avoir affaire à l’un des siens. Il tenta de se rassurer en se disant que si tel était le cas, il y aurait longtemps qu’il serait six pieds sous terre ou qu’il aurait déserté les lieux. Le gamin devait avoir une intuition extrêmement développé pour avoir compris qui il était simplement en l’observant quelques minutes.

Notre homme regarda dehors et constata que le ciel s’assombrissait, avec le temps, il faisait sombre très tôt, et bien qu’il n’était pas habitué à se coucher à de tels horaires, la marche pour venir jusqu’ici l’avait fatigué davantage qu’il ne l’avait estimé et il aurait besoin de toutes ses forces pour réitérer l’exploit demain. Il se débarrassa de ses bottes et de sa veste. Il passa une main rapide dans ses cheveux noirs et courts, ils étaient trempés à cause de la pluie mais il n’avait pas le temps de les sécher. Il s’allongea sur le matelas sans défaire les couvertures et ferma les yeux, attendant que le sommeil vienne.
Sadrine Leime
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